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DÉBAT - IDÉES
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Intervention de Georges Gastaud ,
(philosophe, militant du Pôle de Renaissance Communiste en France , gastaudcrovisier2@wanadoo.fr , 10 rue Grignard, 62300 Lens)
aux Rencontres de Serpa, Octobre 2005, « Civilizaçao ou barbarie »
N'en déplaise aux positivistes, qui ont dévalué l'idée de sens, ainsi qu'à certains marxistes, qui l'ont abandonnée aux religions et à la métaphysique, le rôle d'un analyste politique est de saisir le sens objectif de son époque , d'en dégager les contradictions motrices pour dessiner à partir d'elles les tendances susceptibles d'orienter l'action humaine ; ainsi peut-il préciser les contours objectifs des camps qui s'affrontent et les buts stratégiques que ces camps peuvent raisonnablement s'assigner ; ainsi peut-on aider les hommes à se mouvoir librement et rationnellement, non dans des fantasmes, mais dans la problématique réelle qu'il leur faut nécessairement traiter pour améliorer leur existence car, comme le dit Marx, « l'humanité ne se pose jamais que les problèmes qu'elle peut résoudre ». C'est à cette recherche de sens que se livrait naguère le Mouvement communiste international quand il déclarait, avec justesse pendant toute une période, que l'époque historique initiée par Octobre 17 était celle du « passage du capitalisme au socialisme ». Ainsi les peuples étaient-ils dotés d'une boussole leur permettant de s'orienter dans le présent et d'indiquer clairement dans quelle direction marcher pour faire converger les luttes.
Mais dira-t-on, l'histoire a balayé cette illusion de sens : la re-mondialisation du capitalisme a détruit l'illusion d'une bonne « fin de l'histoire » annonçant des « lendemains qui chantent ». S'il y a une « fin de l'histoire », c'est, -nous dit-on-, parce que la prétendue « mort du communisme » a périmé les « grands récits mythiques » dont ferait partie le marxisme, c'est parce que le capitalisme occupe tout l'horizon, c'est parce qu'il faut se faire à l'idée que le réel n'a aucun sens, c'est parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, pour ceux qui se veulent réalistes, qu'à attendre la mort dans une sorte d'hédonisme désespéré, et pour ceux qui se disent utopistes, qu'à rêver d'un monde meilleur mais. impossible. Si bien que cette destruction du sens aboutit à nourrir conjointe-ment, comme nous l'observons au quotidien, le pragmatisme capitaliste et son supplément d'âme religieux.
Or cette désillusion est la plus grave des illusions . Les nihilistes qui déclarent que la vie et l'histoire n'ont plus de sens, ou même qu'elles n'en ont jamais eu, ne perçoivent-ils pas d'ailleurs à quel point leur propos est comiquement contra-dictoire, puisqu'ils déclarent en fait, que pour orienter raisonnablement sa vie, il faut prendre acte de son absurdité. Et voilà ces étranges militants du non-sens qui rompent des lances contre ceux qui pensent qu'il existe un sens objectif, qui n'a certes rien à voir avec le projet d'un Dieu, mais sur lequel les hommes peuvent prendre appui pour rater ou pour réussir leur vie et leur histoire. Mais la re-mondialisation du capitalisme prouve-t-elle que l'histoire n'a pas de sens. ou bien signifie-t-elle au contraire qu'elle comporte aussi des sens négatifs , des inversions de circuit qui la font parfois « tourner à l'envers » ? L'angoisse dans laquelle la re-mondialisation du capitalisme a plongé les peuples suite à la victoire du renversement des régimes socialistes, témoigne-t-elle qu'il n'y a jamais eu de sens ou fait-elle au contraire ressortir par contraste cette inversion terrifiante du sens objectif qu'est la contre-révolution, et son produit, la restauration planétaire de l'exploitation capitaliste la plus brutale sous le drapeau du néo-libéralisme ?
Sur le plan théorique, le brouillage du sens qu'a produit la contre-révolution a permis à certains intellectuels de gauche qui ne demandaient que cela, de déclarer « obsolètes » les outils théoriques et pratiques forgés par Marx et Lénine. Mais à y regarder de près, ces déclarations de rupture avec le marxisme-léninisme n'ont pas suivi la contre-révolution : le révisionnisme actuel n'a dressé passivement un constat d'échec, il a activement préparé et nourri la défaite, soit en n'analysant pas à temps des phénomènes nouveaux (dans ce cas il a été nourri par son complémentaire, le dogmatisme) soit en détruisant les outils théoriques marxistes-léninistes au nom d'une modernité non conceptualisée et superficielle-ment décrite.
Car peut-on penser qu'ils étaient de grands marxistes ceux qui n'ont rien vu venir, ceux qui n'ont pas su écouter les « Cassandre rouges » plus authentiquement troyennes que les optimistes de service du socialisme réel (« pessimisme de l'intelligence, optimisme de la volonté », disait Gramsci), qui n'ont pas saisi que la lutte des classes faisait rage au sein même du camp progressiste, sous la forme d'un affrontement de plus en plus rude au fil des années entre des révolutionnaires,- hélas insoucieux des fissures apparues dans la 1 ère expérience socialiste de l'histoire, et des opportunistes de plus en plus hardis, qui ont patiemment construit leurs chevaux de Troie idéologiques au sein des Citadelles du mouvement ouvrier et du mouvement national anti-impérialiste ?
Le propos de cette intervention, qui coïncide à la fois avec le 40 ème anniversaire de la mort du Che et avec le 90 ème anniversaire d'Octobre 17, est de montrer que l'anticommunisme, l'anti-marxisme et l'anti-léninisme constituent le grand contresens de notre époque . Non seulement le marxisme et le léninisme ne sont pas invalidés par la contre-révolution, mais ils étaient seuls capables de l'anticiper et de la prévenir, et ils restent les seuls capables, à condition de les frotter aux phénomènes qualitativement nouveaux de notre temps, de pointer les contradictions motrices, soit de la contre-révolution, soit du passage au communisme, de manière à permettre aux peuples de rompre à temps avec un processus dé-civilisateur que je qualifie d' exterministe voire de contre-révolution permanente .
Ce processus, dont les faces mortifères sont la barbare restauration capitaliste à l'Est, la contre-réforme néo-libérale à l'Ouest, la re-colonisation du Sud, la course vers d'ultimes guerres de repartage impérialiste du monde, la fascisation des « démocraties occidentales », la criminalisation du 1917 bolchevique et du 1793 jacobin, le pillage illimité des ressources terrestres, la perversion technico-économiste du projet scientifique, l'assèchement de la création et la mise à mort des diversités culturelles, la déchéance des nations souveraines, la bestialisation des individus livrés au « tous contre tous », oui, tout cela place l'humanité devant une alternative qui constitue la problématique objective de notre temps : avant que l'humanité de l'homme ne s'assèche, avant peut-être que l'humanité tout court n'en crève, il faudra bien choisir entre un communisme de seconde génération, ce que Marx appelait « l'humanité sociale », et la barbarie d'un mode de production capitaliste devenu « réactionnaire sur toute la ligne », d'un impérialisme parvenu à son stade ultime, l'exterminisme des Reagan et des Bush ; ce qui signifie que, si l'humanité ne trouve pas la voie d'un socialisme du 21 ème siècle, si elle ne se dresse pas contre la force des choses capitaliste en s'aidant d'un marxisme-léninisme de nouvelle génération, alors la « fin de l'histoire » prendra une toute autre signification que celle qu'envisagèrent successivement le grand Hegel et le microscopique Fukuyama : ni la « bonne fin » d'une cité enfin réconciliée, ni la « fin » grise du Marché à perpétuité, mais la mauvaise fin de l'histoire par extermination de l'espèce humaine ou par exténuation de l'humanité en l'homme.
Si bien qu'il faut donner toute sa dimension vitale, anti-exterministe, et pas seulement sacrificielle, au mot d'ordre lucide que Cuba socialiste lance à tous les progressistes du monde : « socialismo o muerte » !
Il est impossible d'argumenter exhaustivement dans un bref exposé. Je me contenterai pour l'heure de
-brosser à grands traits l'unité de l'exterminisme et de l'opportunisme en revenant sur l'un des facteurs les plus ignorés de la contre-révolution à l'est ; ce retour sur la contre-révolution est indispensable puisque sans sa juste compréhension, on ne peut comprendre la nature profonde de la contre-révolution, ni même comprendre que ;
-montrer la signification anti-exterministe, profondément humaniste et universaliste, du combat pour le communisme ;
-pointer la nécessité pour mener ce combat de regrouper les forces communistes et révolutionnaires internationales, et autour d'elles, les forces anti-impérialistes, tout cela sans crainte d'affronter le « cheval de Troie » omniprésent de l'oppor-tunisme dont le carburant le plus puissant est la criminalisation du communisme ; tout au long de l'exposé, nous confronterons la « nouvelle pensée » anti-léniniste de Gorbatchov, à la conception marxiste-léniniste de la lutte des classes pour la société sans classes sous la conduite du prolétariat qui définit à nos yeux le communisme.
1°) Exterminisme, opportunisme et contre-révolution
L'interprétation la plus courante de la contre-révolution à l'est, pardon de la « révolution anti-totalitaire », repose sur cette idée plate, énoncée par Berlinguer dès les années 70, que la Révolution d'Octobre, pardon, -le « modèle soviétique », avait « perdu toute force propulsive ». J'ai tenté par ailleurs de montrer qu'il n'est pas pertinent, comme le font certains marxistes, de privilégier, soit les « facteurs » internes de la contre-révolution, soit les facteurs « internes » ; une analyse dialectique de la contre-révolution doit au contraire montrer l'intrication de ces facteurs : dans une large mesure, les déviations « internes » du socialisme furent le produit, non nécessaire d'ailleurs, de l'énorme pression externe, car Lénine avait indiqué dans ses derniers textes, les moyens pour s'en prémunir ; quant aux forces anticommunistes de l'extérieur, elles ont agi en URSS en empruntant le canal « interne » des forces opportunistes, lesquelles ont en quelque sorte « conduit », au sens thermique du mot, la contre-révolution ; si bien que l'apparente « autodestruction » des pays socialistes par les forces opportunistes issues du PCUS fut en réalité le produit d'une lutte des classes mondiale intériorisée qui prit la forme peu lisible d'un affrontement d'apparence purement « interne » entre forces socialistes et forces révisionnistes.
C'est à partir de cette conception surdéterminante des phénomènes historiques que nous pouvons comprendre comment se sont articulés et « potentialisés » l'exterminisme impérialiste, l'opportunisme liquidateur de Gorbatchev et la contre-révolution. Avant de perdre la raison, la sinistre Thatcher a expliqué dans un ultime livre autobiographique comment elle avait fomenté avec Reagan une méga-relance de la course aux armements et une préparation de la guerre nucléaire dans le dessein avoué de faire craquer politiquement la direction soviétique. De son côté, Nixon écrivait dans son livre « Le mythe de la paix », écrit au début des années 80 : « les dirigeants russes doivent savoir qu'ils ont le choix entre avoir la guerre et abandonner leur système communiste ». N'oublions pas les conditions d'avant 84, date de l'implantation en Allemagne des missiles Pershing qui mettaient Leningrad à 6 minutes de tir du QG de l'OTAN basé en RFA, pendant que Reagan lançait contre l'URSS sa « guerre des étoiles », ancêtre du « bouclier anti-missiles » que Bush II veut actuellement installer en Pologne pour menacer la Russie.
Il s'agissait clairement alors
a) de menacer Moscou d'une « guerre préemptive », accompagnée d'un « first use » (utilisation en premier de l'arme nucléaire par les USA) , voire d'un « first strike » ( frappe nucléaire massive, « désarmante » ou « désarçonnante », utilisée pour commencer la guerre par la destruction des moyens de riposte soviétique) ;
b) de neutraliser la dissuasion soviétique en installant un bouclier d'intercepteurs sophistiqués, dont la finalité était nettement offensive ;
c) de contraindre l'URSS, soit à se ruiner en surenchérissant sur les Etats-Unis alors que son économie était moins forte, soit à « caler » politiquement en mettant les pouces devant les Etats-Unis.
Or, peu de commentateurs relèvent la coïncidence des dates : sur le plan militaire, 1984 c'est l'implantation des euro-missiles malgré l'opposition majoritaire du peuple allemand ; sur le plan politique, c'est la danse macabre du cimetière militaire de Bitburg, où Reagan, Thatcher, Kohl et Mitterrand se donnèrent la main à proximité de tombes de Waffen SS pour défier ensemble « l'Empire du mal » soviétique ; or, après la mort de Brejnev, après l'intermède Tchernenko-Andropov, la direction soviétique bascula dans le social-pacifisme : Gorbatchev éliminea alors l'« orthodoxe » Romanov en proposant un programme revendiquant le désarmement unilatéral de l'URSS et une « nouvelle pensée » dont le caractère « non bolchevik » sera d'abord opportunément travesti en « retour à Lénine ».
Mais pour que ce revirement anti-léniniste ait lieu, il faudra qu'entrent en jeu plusieurs données structurantes :
-d'abord, bien sûr, un état bien réel de pré-crise politique, idéologique, économique et culturelle (marquée notamment par le délitement de la Pologne socialiste) qui créera les conditions propices à l'arrivée au pouvoir d'un prestidigitateur promettant de régler tous les problèmes en s'entendant avec l'Occident ; je ne puis ici analyser les raisons de ce qu'on a appelé la « stagnation » du socialisme réel ;
-ensuite, une profonde dérive idéologique et théorique, déjà très perceptible chez A. Gromyko, le ministre des Affaires étrangères de Brejnev, dont j'avais eu pour ma part l'occasion de critiquer certaines conceptions théoriques dès le début de la décennie 80 ; en effet, Gromyko proclamait que, puisque la guerre nucléaire menace de mort toute l'humanité, une guerre atomique est-ouest n'aurait donc plus de « sens politique » ; partant de cette idée fausse, Gromyko, puis Tchernenko et Andropov prônaient la notion équivoque d'un « front de la raison » contre la guerre nucléaire ; cette notion eût pu avoir une dimension anti-impérialiste s'il eût été clair que le danger d'extermination était porté par l'impérialisme US et que, conséquemment, la défense de la paix était inséparable de celle du socialisme . Mais l'interprétation dominante idéaliste qui se dégagea très vite de ce « front de la raison » était plutôt dépolitisante et elle a profondément nourri le pacifisme « au-dessus des classes » qui triomphait à l'Ouest, y compris sous l'égide de certains partis communistes. Car dans le même temps, l'euro-communisme de plusieurs PC occidentaux nourrissait l'antisoviétisme et renvoyait dos à dos les Pershing et les SS 20, c'est-à-dire le belliqueux camp capitaliste et le camp socialiste ami de la paix. On appelait au fond les gens « raisonnables » du capitalisme et de l'impérialisme à se dissocier des « va-t-en-guerre », la « raison » devant l'emporter sur la « déraison ». Chez Gromyko, cela se marquait déjà par une révision en profondeur de la doctrine militaire du marxisme-léninisme . On sait en effet qu'Engels, puis Lénine, ont montré, en prolongeant les enseignements de Clausewitz, que non seulement « la guerre est la continuation de la guerre par d'autres moyens », mais qu'elle « prolonge la lutte des classes par d'autres moyens ». Or Gromyko expliquait déjà, ouvrant ainsi une brèche au liquidateur Gorby, que la guerre d'extermination nucléaire étant incapable de départager vainqueurs et vaincus, -puisqu'elle aboutirait nécessairement à la destruction de l'humanité-, c'est donc qu'elle échappe à toute rationalité politique , ce qui s'avèrera profondément faux.
-dans cette conception dépolitisée de l'exterminisme, il y avait là une profonde méconnaissance de l'asymétrie entre socialisme et capitalisme quant à la question de la guerre nucléaire. Si l'on veut bien ne pas confondre grossièrement l'intérêt de classe avec le seul intérêt comptable, si l'on veut bien concevoir comme Gramsci, que pour agir politiquement les intérêts de classe économiques doivent prendre une forme universelle en « s'idéologisant » sous la forme de valeurs morales, d' « hégémonie culturelle » et de blocs historiques, on peut saisir ceci : ultime régime possible d'exploitation de l'homme par l'homme, le capitalisme n'a pas le même rapport à la mort, y compris à ce que le pseudo-philosophe français anticommuniste A. Glucksmann nomme la « seconde mort de l'humanité », c'est-à-dire la disparition exhaustive de notre espèce au-delà de notre mort individuelle. Glucksmann écrivaitt par exemple en 84, dans un ouvrage massivement vendu : « je préfère succomber avec mon enfant que j'aime dans une guerre nucléaire plutôt que l'imaginer entraîné vers quelque Sibérie planétaire ». Et ce fanatique va clairement jusqu'à théoriser dans la foulée le « droit » de l'Occident de défendre ses valeurs contre l'URSS « totalitaire » y compris en prenant le risque, je cite, d'une « disparition de l'humanité dans son exhaustivité », ce que même Hitler n'avait pas osé théoriser. Ces délires à grand tirage, qui en disent long sur le caractère ultra-réactionnaire de l'impérialis-me actuel, étaient résumés d'un mot par la réaction allemande : « lieber tot, als rot », plutôt morts que rouges, ce qui dit bien et en peu de mots la signification de classe politique et contre-révolutionnaire de la guerre d'extermination, dont le rôle politique était de prendre le risque de l'extermination de notre espèce pour prix d'une défaite décisive du socialisme. Dans sa fameuse dialectique du Maître et de l'Esclave , Hegel avait déjà d'ailleurs montré que toute maîtrise, toute domination, est fondée sur une fascination pour la mort puisque le Maître est prêt à payer deux vies, la sienne et celle de l'esclave, le privilège de ne pas travailler et d'exploiter autrui en se donnant l'illusion, fondatrice de l'idéalisme et des conceptions religieuses, que « l'homme noble » est « au-dessus » de son corps et de sa vie terrestre !
A l'inverse, le socialisme, qui réalise concrètement le projet inconscient de tous les Spartacus de l'histoire, a profondément besoin de la vie , du corps, du travail, de l'enfance, de la paix, de ce que les philosophes appellent « l'imma-nence ». Contrairement aux « maîtres », dont la référence à l'âme, à l'au-delà, à la « transcendance », aux « valeurs » supérieures à la vie, est constitutive de leur conscience de classe aliénée (et l'on conçoit pourquoi le retour du religieux accompagne la montée en puissance de l'exterminisme capitaliste) , l'Esclave aime la paix et c'est exclusivement sur terre qu'il veut réaliser son salut. Structurellement, l'idéologie des exploiteurs, comme l'avait vu le poète Paul Eluard, flirte avec la mort, dont l'universel abstrait de l'argent est déjà une forme fétichisée, et concrètement chacun de nous mesure aujourd'hui à quel point la soumis-sion de toute valeur d'usage à la valeur d'échange, à la marchandise, au cannibalisme abstrait du capital, est objectivement mortifère ; au contraire, l'idéologie des exploités, -même si elle admet par nécessité qu'il soit parfois nécessaire de risquer sa vie pour affirmer la Vie. des autres-, est tournée vers l' être , donc vers la paix ; celle-ci était une véritable obsession pour les Soviétiques qui avaient subi la plus épouvantable saignée de la seconde Guerre mondiale. Cela se traduisait par le fait que la course aux armements qui épuisait économiquement le socialisme, alimentait au contraire les colossaux profits de la General Electric , dont le « public relations » avait nom R. Reagan.
Non, la guerre d'extermination n'était politiquement pas aussi redoutable aux yeux des fanatiques antisoviétiques du capital militaro-financier imprégnés d'idéologie messianique, qu'aux yeux des Soviétiques, qui n'avaient pas à espérer un « arrière-monde », celui promis par les religions et leurs Apocalypses, où se réfugier en cas de destruction de la vie terrestre. Pour le matérialiste, pour le marxiste, pour tout homme sensé, les « valeurs » dépendent de la vie puisque, comme le disait déjà le matérialiste grec Epicure, « tout bien et tout mal résident dans la sensation, alors que la mort est la privation de cette dernière ». Bref, le socialisme est constitutivement pacifique (et non pacifiste) , alors que l'impérialisme est essentiellement nihiliste , soit qu'il préfère le néant à l'être quand il prend la forme nazi-fasciste ( souvenons du slogan de la Phalange « à bas l'intelligence, vive la mort » ! ), soit qu'il dénie tout sens à l'être en criminalisant l'utopie, soit qu'il place la valeur au-dessus de l'être, dans des idéaux religieux et dans un au-delà de pacotille, ce qui revient encore à dire que ne pas être vaut mieux qu'être.
Dans ces conditions, le chantage exterministe de l'impérialisme US pouvait pleinement s'activer et prendre toute son effectivité politique : au « plutôt morts que rouges » de la réaction, fit bientôt écho le social-pacifisme de Gorbatchev qui inversait l'exterminisme occidental dans la « nouvelle pensée ». En effet, la nouvelle pensée se résumait par les mots « préférer aux intérêts de classe du prolétariat les valeurs universelles de l'humanité », en clair : « plutôt vivants et pas rouges que rouges et pas vivants ». L'universalisme pacifiste était pensé contre la lutte des classes du prolétariat. De la sorte, l'exterminisme occidental n'a certes pas pu donner lieu, pour le moment, à une guerre nucléaire, mais il a grandement favorisé, à la faveur des conceptions révisionnistes de la guerre qui dominaient déjà sous Brejnev, la reconversion social-pacifiste, anti-léniniste, de la direction soviétique, dont la nouvelle pensée a totalement désorienté le mouvement ouvrier international. En inversant la formule de Clausewitz qui définit la guerre comme continuation de la politique par d'autres moyens , la politique contre-révolutionnaire fut la continuation remarquablement efficace de la menace de guerre d'extermination si bien que, de l'exterminisme à l'opportu-nisme gorbatchévien, et de celui-ci à la contre-révolution, la conséquence vaut !
Au même moment, dans son discours de Camagüey de 89, F. Castro jetait à la face de Gorbatchev et de son universalisme abstrait cette évidence concrète : « il y a la démocratie des riches et la démocratie des pauvres, la paix des riches et la paix des pauvres », montrant par là que face à l'impérialisme, il faut promouvoir une conception de classe de la démocratie et de la paix. Tenant bon sur de ces bases, la petite Cuba est toujours là alors que la puissante direction soviétique qui avait renié Lénine, a disparu de la scène historique (le dérisoire Gorbatchev fait aujourd'hui de la pub pour les sacs Louis Vuitton !).
On vient de voir en tout cas qu'il est aberrant de renoncer à l'analyse de classe pour comprendre la destruction de l'URSS ; c'est à l'inverse faute d'une analyse de classe de l'exterminisme, et inversement, d'une analyse de classe dénuée d'étroitesse et embrassant les enjeux universels des affrontements politiques contemporains, que l'URSS brejnevienne s'est avérée incapable (ce n'est pas le seul facteur, faut-il le répéter ?) de tenir le choc de la seconde guerre froide.
Cela fixe la signification de classe de la période ouverte par la chute de la RDA : si la contre-révolution s'est nourrie de l'exterminisme occidental, à son tour l'exterminisme actuel se nourrit de la contre-révolution.
II) exterminisme et anti-exterminisme à l'époque contemporaine
Dans cette seconde partie, nous avançons l'idée que loin d'avoir disparu avec la défaite de la 1 ère expérience socialiste de l'histoire, l'exterminisme impérialiste s'est enfoui et disséminé ; il imprègne aujourd'hui, au-delà des flonflons de la « modernité », la grimaçante re-mondialisation néo-libérale du capitalisme qui a pris le relais de la confrontation est-ouest sous l'égide de Bush . A contrario , apparaît la signification profondément anti-exterministe du communisme moderne et de ses alliés potentiels, les forces démocratiques, nationales et anti-impérialistes. Si bien qu'aujourd'hui les « prolétaires de tous les pays » et les « peuples opprimés du monde » n'ont plus seulement pour tâche objective de vivre mieux et de « changer la vie », mais de sauver la vie pour la changer, de la changer pour la sauver.
la mondialisation capitaliste.
Il ne sera pas nécessaire ici, étant donné la claire alternative qui sert de thème au colloque, de développer l'idée que la mondialisation capitaliste épuise « la terre et le travailleur », comme l'avait vu Marx, accumulant les impasses économiques, écologiques, militaires, sociétales de toutes sortes. Non seulement ces problèmes n'obtiennent jamais de solution de fond, mais ils s'aggravent au rythme des pseudo-« solutions » qui leur sont apportées pour maintenir à flot l'exploitation capitaliste. On assiste ainsi à une incessante fuite en avant qui se heurte à la finitude des ressources terrestres et au fait que les délais pour résoudre les questions posées ne sont pas extensibles à l'infini, du moins si l'on entend par infini ce « mauvais infini » quantitatif que fustige en permanence Hegel. Constatons seulement à titre d'exemple que la disparition de l'URSS a à peine ralenti la course aux armements, de nouveau tournée contre la Russie capitaliste de Poutine, avec le soi-disant « bouclier anti-missiles » que Bush veut installer dans les ex-pays socialistes annexés par l'UE.
Observons que le régime de Bush a revendiqué cent ans de guerres et de croisades américaines. Observons le réarmement du Japon et les ambitions géopolitiques de l'Allemagne.
Observons la rapide fascisation, à divers degrés, des démocraties bourgeoises d'Occident et du Japon.
Observons le caractère de plus en plus parasitaire d'un régime qui saborde de nombreuses activités productives au profit d'un parasitisme financer exacerbé. Observons le développement rapide des productions génétiquement modifiées et insuffisamment maîtrisées. Observons l'insouciance du premier pays capitaliste du monde envers les pollutions et le réchauffement climatique, observons son indifférence envers l'épuisement prévisible des nappes d'hydrocarbures qu'il s'agit moins de ménager que d'accaparer selon le principe « après moi le déluge ».
Observons la manière dont la science est corsetée, rétrécie, étroitement contrôlée, philosophiquement confinée au risque de buter à l'infini sur des obstacles épistémologiques récurrents et d'être incapable, faute de liberté spéculative, de résoudre des problèmes théoriques fondamentaux dont dépendent à terme d'immenses questions pratiques. Observons l'énorme déséquilibre nord-sud. Observons l'aggravation explosive des inégalités entre pays et à l'intérieur de chaque pays. Quand on prend en compte ce tableau des plus sombres, et que Fidel décrivait encore bien plus sombrement que moi à l'époque où il présidait le Mouvement des non-alignés, on peut bien se demander si le capitalisme survivra au 21 ème siècle ou si le 21 ème siècle survivra au capitalisme !
Si l'on voulait dépasser le constat, il faudrait relire « l'Impérialisme » de Lénine, rappeler que pour lui l'impérialisme est le « capitalisme agonisant et pourrissant » et étudier, non pas comme un jugement de valeur mais comme un concept historique, l'idée de pourrissement et ses corrélats, notamment l'idée de parasitisme économique. Cela signifie que parvenu à un certain stade, le capitalisme devient un frein relatif, voire absolu, au développement des forces productives et que loin d'engendre lui-même ses propres fossoyeurs en la personne des ouvriers prolétarisés, il détruit lui-même lesdits fossoyeurs. Cette question, que nous ne pouvons traiter ici mais que nous avons abordée ailleurs, est celle du devenir du travail productif au sens marxiste : d'un côté la classe ouvrière industrielle au sens habituel du mot, diminue, peut-être moins qu'on ne le dit, dans les métropoles capitaliste ; d'un autre côté, elle s'étend dans les pays dits « du Sud », notamment en Asie. Et surtout, nous ne devons pas être dupes de la prétendue « tertiarisation » de la société, de la prétendue extension des « services » au détriment de l'emploi industriel. D'abord parce que nombre de ces emplois « de service », relèvent de la production, voire de l'industrie au sens marxiste du mot, par exemple les transports, la logistique, les télécommunications. Ensuite parce que nombre d'activités auparavant extérieures à l'extraction de plus-value, tendent à se marchandiser, voire à se prolétariser, de la Santé à l'enseigne-ment en passant par les études et la recherche. Si l'on prend les choses au niveau mondial et en partant, non de la conception vulgaire de la production, mais de la conception marxiste, centrée sur la vente de la force de travail et la production de plus-value, il n'y a sans doute jamais eu au monde tant de prolétaires et même, tant d'ouvriers. Encore faut-il ne pas se rassurer trop vite avec de telles analyses, car nombre de salariés, y compris de salariés d'exécution, travaillent dans des secteurs d'activités ultra-financiarisés, militarisés, etc. qui selon Lénine, relève du parasitisme économique : ce n'est pas la même chose pour la révolution prolétarienne et la construction du socialisme, qu'un salarié travaille dans l'industrie agro-alimentaire ou qu'il soit groom dans un casino ou conseiller financier dans une banque d'affaires ! Cette question doit donc être étudiée de près par les économistes marxistes pour tout à la fois, écarter le pessimisme naïf, consistant à réduire le prolétariat mondial aux ouvriers d'industrie des métropoles, et éviter l'optimisme facile, consistant à prétendre que l'avenir est à nous sans problème puisqu'il y a de plus en plus de salariés, sans se demander quels salariés !
Il faudrait également relire les grands textes méconnus de Marx et d'Engels sur les sociétés pré-capitalistes : dans ces textes, les fondateurs du marxisme, qui ont une conception dialectique des rapports entre nécessité et contingence, détermi-nisme et liberté, n'annoncent nullement l'avènement fatal du communisme à la suite d'une promenade historique à travers cinq modes de production de plus en plus « évolués ». Ils montrent au contraire que les contradictions socio-économiques ouvrent des alternatives de plus en plus contraignantes qui, non seulement n'éludent pas l'intervention et le choix humain, mais rendent le choix (ou le non-choix, le choix de ne pas choisir) de plus en plus inévitable : la grande question des multiples sociétés de classe passées ou présentes est de savoir si leur histoire est capable de produire une classe révolutionnaire capable d'abolir le régime avant qu'il ne pourrisse, d'en résoudre les contradictions et de relancer le progrès humain, ou bien si la société concer-née pourrira sur pied avant de sombrer dans la mort et dans l'oubli, parfois sans laisser de véritable héritage. L'histoire offre hélas un grand nombre d'exemples de brillantes civilisations qui ont sombré corps et biens, des anciens Mayas au Cambodge médiéval en passant par l'Ile de Pâques ou par l'antique Babylonie, faute d'avoir résolu leurs immenses contradictions sociales et écologiques. La grande différence, à la fois quantitative et qualitative avec notre époque, c'est que le pourrissant capitalisme domine la planète, qu'il se soumet nombre de systèmes pré-capitalistes ou post-capitalistes, même s'il est réconfortant d'observer la résistance que lui oppose une partie de l'Amérique latine sous l'impulsion de Cuba et du Venezuela : il n'y a plus d'ailleurs, ni d' « après » indéfiniment lointain où continuer l'histoire, c'est ici et maintenant qu'il faut lutter, mourir ou vaincre.
Là encore il n'y a pas lieu de cultiver le pessimisme historique : le communisme marxiste est en un sens moins utopiste que jamais puisqu'au fond, à l'encontre de ce que n'ont pas su voir les prophètes myopes de la « fin de l'histoire » , il n'y a pas à « abandonner » l'illusoire conception « messianique » d'une bonne fin révolutionnaire de l'histoire au profit d'une fin prosaïque, grisement réaliste, celle du Marché régnant sur le monde : il y a une dialectique des deux fins : si l'humanité ne se pose que des problèmes qu'elle peut, et qu'elle doit résoudre sous peine de « seconde mort », alors le communisme n'est plus seulement l'espérance des hommes les plus avancés, épris de justice et de salut commun : la « bonne fin du communisme » est le seul réalisme, puisque sans cela, triomphera la mauvaise fin capitaliste de l'histoire, que Marx décrivait d'une formule saisissante en ouvrant au capitalisme la rude perspective d'« une fin pleine d'effroi ou d'un effroi sans fin ». Car sans le futur communisme mondial, -qui suppose la mise en commun et la planification rationnelle et démocratique des travaux humains et des ressources terrestres-, comment résoudre la contradiction qui s'aggrave entre, d'une part, la privatisation croissante des moyens de production par une poignée d'actionnaires protégés par les Empires à leur solde, et d'autre part, la socialisation, la mondia-lisation croissante des échanges et de la production ?
Mais bien entendu, il ne suffit pas que le communisme soit la seule issue réaliste aux maux collectifs de l'humanité pour qu'il l'emporte sur le cruel système capitaliste. La grande question qui se pose à nous reste de savoir si une classe révolutionnaire moderne, et sur cette base, un large mouvement politique, culturel et social organisé à l'échelle du monde et de chaque pays, peut aujourd'hui résoudre la contradiction mondialisée et universalisée entre le capital et le travail.
Le communisme comme universalisme concret et anti-exterminisme conséquent
Nous supposerons ici sans l'argumenter à fond que cette classe révolutionnaire existe , au moins en puissance, et qu'elle n'est autre que le prolétariat moderne, dans toute sa diversité, manuelle et intellectuelle, nationale et internationale. En effet, nous posons sans nous justifier plus avant que le déficit principal que rencontre aujourd'hui le mouvement progressiste mondial n'est pas d'origine purement « objective » (les moyens de la révolution existent) mais d'origine « subjective » ( même si ce déficit subjectif a lui-même des bases objectives. ). Inspirée des enseignements de Marx, notre thèse est que l'humanité ne pourra pas vaincre spontanément la barbarie capitaliste si sa lutte n'est pas dirigée par la classe des travailleurs salariés.
Non moins inspirée du léninisme, notre seconde hypothèse est que cette classe, aujourd'hui déboussolée par la défaite de la 1 ère expérience historique de socialisme et par le morcellement du Mouvement communiste inter-national, a plus que jamais besoin de reconstituer son avant-garde, détruite par l'opportunisme international des Berlinguer, Gorbatchev, Carrillo, Iliescu, Hue et Cie. Il existe en effet aujourd'hui un décalage béant entre les besoins politiques des masses populaires, sourdement en lutte contre les effets de la re-mondialisation du capitalisme, et l'offre politico-idéologique portée par les mouvements communistes et anti-impérialistes, au point que ce déficit d'avant-garde est aujourd'hui comblé par toutes sortes de mouvements réactionnaires, xénophobes, intégristes, etc., qui dévoient l'opposition spontanée des masses aux effets du capitalisme. L'une des tâches pour laquelle nous devrions nous organiser et nous coordonner de manière permanente , est donc la recherche et le débat théorique international à la lumière du marxisme, et, même, de mon point de vue, du marxisme-léninisme ; la seconde est la lutte idéologique sur toute une série de questions que je ne puis ici que survoler, renvoyant à ma brochure « Essai sur la renaissance communiste ».
a) face à l'exterminisme et à son reflet inversé, la « nouvelle pensée », le nouveau défi léniniste.
On se souvient que l'essence de la nouvelle mentalité gorbatchévienne, sous l'égide de laquelle fut désarmée la conscience civique des Soviétiques, consiste à préférer « les valeurs universelles de l'humanité aux intérêts de classe du prolétariat ». Cette formule de Gorbatchev, qui est le fil rose du livre « Perestroïka » (et qui a abouti à préférer les intérêts de classe du capital aux valeurs universelles de l'humanité !), oppose de manière anti-dialectique l' universel au particulier , la paix à la révolution, l'humanité à la classe ouvrière, l'idéalisme moral au combat de classe, la convergence capital-travail à la lutte historique entre capitalisme et socialisme. C'est l'exact contre-pied du marxisme, dont le fil rouge est de montrer que le commu-nisme est le « mouvement réel qui abolit l'état existant », autrement dit, le combat de classe du prolétariat orienté vers la société sans classes qui est son sens objectif, puisqu'il constitue sa « fin » à tous les sens de ce mot. L'expérience a d'ailleurs tragiquement vérifié le marxisme puisque Gorbatchev a prétendu acheter la paix en échange du socialisme et qu'il a perdu sur les deux tableaux : aujourd'hui la Russie capitaliste est militairement encerclée comme jamais par l'OTAN, qui campe de Vilnius à Kaboul en passant par Tbilissi et Tachkent.
Théoriquement, la faute de Gorbatchev et de son acolyte Chevarnadzé, mais aussi de certains de leurs prédécesseurs communistes, fut de méconnaître la nature de classe impérialiste de l'exterminisme. Si le capitalisme ne craint pas, pour éradiquer le communisme et perpétuer son pouvoir, de prendre en otage toute l'humanité, cela signifie au contraire que face à l'universel mortel de l'extermination, l'universel concret du communisme est de plus en plus actuel. C'est pourquoi le communisme est un anti-exterminisme conséquent , comme l'exprime objectivement la formule castriste « socialismo o morir ». Le communisme doit donc porter, en libérant leur dimension anticapitaliste objective, la signification de classe anticapitaliste du combat pour la paix, pour l'écologie, pour le droit le plus fondamental de l'être humain : celui de vivre .
Cela ne signifie pas seulement qu'il faudrait stérilement sans cesse répéter qu'on ne résoudra aucun problème tant qu'on ne sera pas passé au communisme mondial, en ignorant toutes les médiations que cela suppose. Cela signifie que la lutte pour le communisme assume concrètement, contre l'impérialisme, ennemi principal de l'humain et de sa survie, le combat contre la course aux armements, le combat pour défendre l'environnement contre les prédateurs du profit maximal, etc. Et que déjà, les révolutionnaires soient bien conscients eux-mêmes que leur combat n'a pas « l'éternité devant lui », qu'il ne s'agit pas seulement de rendre un « autre monde » possible, mais bien de sauver et de changer celui-là, en danger de ne pas franchir le 21 ème siècle sans d'énormes catastrophes historiques, peut-être irréversible. Il faut donc rompre avec un certain « optimisme béat », avec une conception providentialiste du Sens de l'histoire héritée de Hegel à travers le déterminisme attentiste de Kautsky, et méditer la formule pessimisme de l'intelligence, optimisme de la volonté . Le « sens de l'histoire » n'existe qu'en puissance, qu'en filigranes : il n'existera pleinement et « en acte », que si les révolutionnaires le font exister dans une pratique révolutionnaire. Bref dans les conditions de notre époque, il ne faut plus opposer l'activisme de Prométhée à l'impuissance de Cassandre, Prométhée a besoin de Cassandre pour faire renaître Troie !
Munir le communisme d'une véritable conscience universaliste n'implique pas seulement de lier l'humanisme à la cause prolétarienne, elle implique surtout l'inverse, comme l'enseignait Lénine quand il appelait le prolétariat à orienter chacune de ses actions, non vers le particularisme et l'ouvriérisme, mais vers la défense universelle de toute la société, de la démocratie. A être prise au sérieux, cette conception anti-exterministe du communisme serait un énorme avantage politique pour le prolétariat, puisqu'on pourrait montrer, dans les années qui viennent que dans le « jugement de Salomon » historique qui oppose le capitalisme au socialisme au sujet de la survie de l'humanité, le capitalisme est prêt à sacrifier « l'enfant » humanité pour sauver son pouvoir sur elle, alors que le communisme veut émanciper cet « enfant » pour lui permettre de se sauver. Il n'est que de voir concrètement comment agit Cuba, humainement mais aussi tactiquement, quand elle propose à Bush d'envoyer des médecins à la Nouvelle-Orléans ravagée par « Kathrina », alors que les USA et l'UE ont pour pratique systématique l'embargo, c'est-à-dire la prise massive d'otages civils à l'encontre de Cuba, de l'Irak d'avant 2003, de l'Iran, de la Corée, de la Biélorussie et de tous les pays qui leur déplaisent.
b) encore cet universalisme concret du prolétariat est-il aux antipodes de l'universalisme abstrait de l'« huma-nisme » bourgeois en phase dégénérative. Parce que cet humanisme faisandé, véritable face cachée du fascisme, repose en fait sur l'universel concrètement abstrait de l'argent et du capital (il s'agit, montre Marx, d'une « abstraction matérielle », car l'abstraction existe matériellement avant d'exister conceptuellement), le capitalisme est concrètement prêt à sacrifier la vie concrète des individus, voire de tous les individus, au nom des « droits de l'homme » abstrait, ce qui situe bien le tête à tête de l'argent et de la mort au-dessus des gens en chair et en os ! Souvenons-nous que l'atrocité philosophique proférée par Glucksmann et conseillant de risquer la vie des hommes et des enfants, y compris les nôtres, au nom des valeurs « humanis-tes » de l'Occident, n'a pas été écrite dans « Mein Kampf » mais dans un livre se réclamant des « valeurs démocratiques ».
Comprenons aussi que l'universalisme concret du communisme n'a rien à voir avec l'uniformisation et la standar-disation du monde et des individus qu'impose le capitalisme mondialisé avec sa « pensée unique » totalitaire, sa langue unique anglo-américaine, sa négation des nations au profit d'Etats supranationaux et continentaux, et même, sa négation de fait des individus, de plus en plus transformés en perroquets des médias, en « variables d'ajustement structurel » et en consommateurs standardisés de gadgets normalisés.
Pour bien comprendre cela, il est stratégique de saisir la manière dont le marxisme-léninisme conçoit de manière dialectico-matérialiste les rapports entre classe, nation et humanité : au sujet de la nation, la social-démocratie et le trotskisme ne retiennent le plus souvent de Marx que la phrase du « Manifeste » qui déclare que « les prolétaires n'ont pas de patrie », tout en oubliant que dans le même texte, Marx et Engels appellent le prolétariat à se « transformer en classe domi-nante », c'est-à-dire à « devenir la nation ». Les mêmes trotskistes, alter-mondialistes et autres sociaux-démocrates mécon-naissent totalement l'apport au marxisme de Lénine, de Dimitrov, de Ho Chi Minh, du philosophe communiste français Georges Politzer, de Fidel, de Mao, mais aussi de D. Ibaruri, de Cunhal, Thorez, etc. ; pour le marxisme, il n'y a pas lieu d'opposer l'humanité à la nation, l'universel au particulier, l'internationalisme au patriotisme. Aussi bizarre que cela soit, le matérialiste marxiste commence par scinder en deux l'universel, en l'attachant à des déterminations de classe : à la mondialisation capitaliste , au cosmopolitisme bourgeois , à l'UE supranationale , le marxisme oppose l'internationalisme prolétarien , l'Europe des luttes sociales , la solidarité de classe des ouvriers natifs et étrangers au sein d'un pays donné. Ensuite, le marxisme montre qu'en réalité, concrètement, l'universalisme « mondialiste » ou « européiste » de la grande bourgeoisie est totalement lié à son complément naturel, le nationalisme fasciste, raciste, comme nous le voyons en France avec le dangereux Sarkozy, qui maire le racisme d'Etat sous les applaudissements de Le Pen et la relance de la constitution européenne supranationale (rebaptisée « traité simplifié ») en violation du Non massif émis par le peuple français le 29 mai 2005.
Symétriquement, le marxisme scinde aussi sur des bases de classe le « particulier » : au nationalisme raciste ou intégriste , il oppose le patriotisme populaire, démocratique, laïque et républicain . G. Politzer montre ainsi dans « Race, peuple et nation », un écrit clandestin de 1939, que le recours hitlérien à la « race », à l' « ethnie », au « sang », ne conforte pas la nation mais tend au contraire à la faire exploser ; on a vu la justesse de cette analyse encore très récemment, en Yougoslavie, et on risque fort de le voir sous peu en Belgique où le supranationalisme européen et le nationalisme patronal flamand veulent casser l'Etat belge historiquement constitué pour diviser les travailleurs selon la langue, en faisant de Bruxelles la capitale de l'Etat fédéral européen et en ouvrant une dangereuse balkanisation des nations voisines. « La nation, c'est le peuple » disait Georges Politzer. Ce patriotisme progressiste-là intègre les travailleurs immigrés, et c'est à l'honneur du PC français que d'avoir su, pendant la Résistance, organiser les Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d'ouvre Immigrée (FTP-MOI) qui furent le fer de lance de la résistance patriotique armée en France. Déjà sous la Commune de Paris, l'insurrection prolétarienne visait à la fois à instituer la « République sociale » des travailleurs, et à empêcher la capitulation de Thiers devant l'invasion prussienne. Généralisant cette expérience historique, le marxisme n'est pas seulement un matérialisme, qui scinde les abstraction sur la base concrète des réalités de classes : c'est une démarche dialectique, qui associe le patriotisme populaire à l'internationalisme prolétarien, l'euro-cosmopolitisme capitaliste au nationalisme bourgeois.
En réalité, aucune révolution populaire depuis Stalingrad ans n'a pu ignorer ce rapport classe/nation/humanité : que ce soit la Révolution chinoise, la Révolution cubaine, l'émancipation du Vietnam, ou même votre Révolution des Oillets, qui eut pour tremplin la lutte nationale des peuples colonisés par le Portugal, toujours la révolution socialiste, ou les grandes révolutions antifascistes et démocratiques ont été aussi des grands moments d'affirmation patriotique.
Il suffit pour s'en convaincre de regarder le processus de la révolution bolivarienne : Chavez, comme Fidel au début, est avant tout un démocrate et un patriote conséquent qui veut rendre à son pays sa souveraineté politique et pétrolière. Et c'est sous le drapeau de la révolution nationale anti-impérialiste qu'il est devenu, par fidélité à son programme patriotique, le tribun du « socialisme du 21 ème siècle ». Aujourd'hui le traité de l'ALBA, « l'Alternative bolivarienne des Amériques », montre concrète-ment l'issue dialectique aux peuples d'Europe qui veulent échapper au carcan de l'U.E. du capital. En effet, les membres de l'Alba n'ont pas tenté de « réorienter » du dedans, de manière parfaitement illusoire, les Traités supranationaux et néo-libéraux imposés par l'Oncle Sam aux peuples américains, comme s'y emploient hypocritement la social-eurocratie, la plupart des groupes trotskistes et les héritiers de l'eurocommunisme. Les Etats signataires de l'ALBA ont de fait brisé ces traités inégaux, et ils ont du même geste, récupéré leur indépendance nationale ET construit des traités équitables permettant d'échanger de manière mutuellement profitable au lieu de se livrer une concurrence destructrice, comme c'est le cas dans la sinistre Europe de Maastricht, qui a détruit en France la sidérurgie, les industries minières et l'essentiel de l'agriculture familiale, et qui s'attaque maintenant, avec le Thatcher français Sarkozy, à ce qui subsiste de nos services publics et de notre Education nationale !
Concernant la question de l'individualisme et du collectivisme,- qui est un prolongement direct des rapports entre universalisme et particularisme-, je n'ai pas le temps de développer : je dirai seulement que pour Marx, non seulement le communisme ne s'oppose pas à l'individu, mais il se définit par et pour lui comme la société où « le développement de chacun sera la clé du développement de tous », à l'inverse de ces sociétés capitalistes où de fait, les individus sont répartis en classes sociales, « classés », où l'idéologie de masse de l'individualisme standardise dans le détail les comportements soi-disant « originaux » des gens en les privant de toute maîtrise réelle sur l'histoire et en les privant de leur qualité de sujets de l'histoire ; à l'inverse, dans une société communiste, c'est le développement multilatéral et personnalisant des individus, à la fois solidaires et différents, qui est le principal ressort économique comme on le voit à Cuba, où la recherche scientifique, la Santé et l'Education ne sont pas des coûts à réduire mais quasiment des produits d'exportation !
c) pour saisir dans sa globalité la portée anti-exterministe et universaliste du communisme, encore faut-il situer clairement ce mouvement; cela implique, non seulement de le concevoir dans le temps court des conjectures, dans ce que le stratège Lénine nommait « l'analyse concrète des situations concrètes », mais dans le temps multi-séculaire de l'histoire qui permet seul de saisir le sens objectif profond, le « mouvement d'ensemble » (J.-P. Jouary) d'un processus historique. C'est sur le plan de la défense de la planète contre les prédations exterministes du profit maximal que l'on peut le mieux saisir le sens de la grande aventure de l'humanité ; ou bien celle-ci se ponctue et se relance par la révolution communiste, ou bien elle se noie dans « les eaux glacées du calcul égoïste » du capital ultra-financiarisé. Et pour cela, nonobstant ceux qui par ignorance ou préjugé trouvent ce concept engelsien ringard, il faut renouer avec le concept de dialectique de la nature et plus encore, prolonger la dialectique de la nature par une dialectique de la nature et de l'histoire dont le communisme est le moyen terme.
Qu'est-ce qui fonde en effet le matérialisme historique de Marx, base théorique du communisme ? C'est cette constatation, énoncée dès l 'Idéologie allemande de 1845, que « les hommes se distinguent des animaux dès qu'ils commencent à produire leurs moyens d'existence, pas en avant qui est le résultat de leur organisation corporelle elle-même ». C'est en effet le travail, la technique, la production d'outils, qui permet aux ancêtres de l'homme (en raison de l'organisation corporelle dont les nantis l'évolution naturelle : cerveau, main, organes de phonation.) qui permet aux hommes premiers, d'abord purement « ani-maux », d'édifier un monde d'objets artificiels et de techniques apprises qu'ils peuvent se transmettre de génération en génération en les améliorant, bref un héritage culturel. Si le matérialisme historique n'est pas un choix arbitraire de Marx, mais une posture scientifique fondatrice des sciences humaines, c'est parce que l'homme peut, grâce à la production (d'abord matériel-le, puis spirituelle) « stocker » hors de lui l'expérience de chaque génération pour la dépasser, bref ce qu'on appelle une culture .
On observe ainsi que le matérialisme historique dépend bien du matérialisme dialectique et plus spécialement d'une « dialectique de la nature ». Celle-ci n'a rien à voir avec un ajout gratuit et tardif d'Engels ; conceptuellement, elle se forme « en amont » du matérialisme historique qu'elle fonde, non pas par une généralisation après coup du concept de lutte des classes aux données de la nature, mais de manière parfaitement logique et nécessaire ; en effet, c'est bien une contradiction de la nature , celle qui permet à l' « animal humain » de quitter naturellement la nature (partiellement bien sûr, car la contradiction se répète à chaque génération : nous naissons tous « enfants naturels » si bien qu'il nous faut péniblement entrer dans une culture, un ordre symbo-lique et un langage déjà faits , ce qui fait le miel de la psychanalyse ce devenir-sujet étant problématique et « non-naturel ».) pour produire la culture, qui donne naissance à ce socle de l'histoire humaine qu'est la production et plus spécialement, le mode de production, puisque les hommes ne produisent pas seuls.
Une fois la culture et la production « lancées », - et cela n'a pas dû se faire en une fois.-, s'impose d'abord la domina-tion de la nature dans la culture , sous la forme des religions de la nature et autres mythologies. Mais ensuite, lorsque le mode de production est assez fort pour modeler le paysage, lorsque l'historique commence à l'emporter sur le géographique dans la détermination de la production, c'est à Prométhée de triompher : comme le proclamait Descartes, l'homme devient alors « comme maître et possesseur de la nature », avec à la clé l'écrasante domination de la technique sur l'environnement naturel qui caractérise d'abord la production capitaliste et sa grandiose, mais dévastatrice, « révolution industrielle ».
Mais cette vue des choses est partielle : car si la production, si la culture dominent alors la nature, la nature continue en sous-mains de dominer dans la production et la culture, puisque le régime capitaliste est par excellence celui de la « guerre de tous contre tous » (Hobbes), celui de la concurrence, celui de la jungle des villes. Bref, la nature se venge en dominant l'homme qui le domine, parce que c'est un homme foncièrement resté barbare, un homme littéralement préhistorique , qui « civilise » la nature alors que lui-même avance à l'aveugle, sans connaître les fins de son développement, sans maîtriser les moyens de production qui appartiennent à une minorité capitaliste qui se croit maîtresse du capital, alors qu'elle n'en est elle-même que le jouet, dominée qu'elle est par l'aveugle marché et par la « guerre économique ».
Le résultat est que ce mode de développement aboutit à la dégradation de la nature ET de l'homme, dans une course au suicide de l'homme bourgeois qui « tue » sa Terre Mère sans entendre les cris de ce que les Indiens de Bolivie appellent, dans un langage religieux mais pas si faux que ça, la « Pacha Mama », c'est-à-dire la Terre.
L'unité anti-exterministe de la révolution communiste et de l'écologie progressiste est donnée alors par ce renverse-ment du rapport EN l'homme, qui est une tâche vitale de notre époque : pour que les hommes se sauvent, il faut qu'ils sauvent la planète des prédations de la culture capitaliste qui pille les ressources sans souci de l'avenir. Mais cela est rigoureusement impossible sous le règne de la concurrence « sauvage » ; pour sauver la nature hors de l'homme, il faut donc battre la nature dans l'homme , civiliser l'homme, mettre en place « l'humanité sociale » du communisme. En clair, il faut sous peine de mort que les hommes apprennent, au cours du 21 ème siècle, à planifier ensemble leur co-développement, ce qui restera impossible tant qu'ils ne se soucieront pas de socialiser les grands moyens de production, la gestion des ressources naturelles.
Cela n'implique aucun retour en arrière, au contraire : il s'agit d'une gigantesque « négation de la négation » par laquelle la nature s'étant affirmée dans l'évolution biologique puis niée dans la production historique, se retrouve elle-même à un niveau plus élevé comme nature humanisée : concrètement, cela suppose un grand progrès des techniques puisque l'une des tâches futures de la science et des techniques sera de reproduire consciemment, humainement, l'environnement naturel en tant qu'il est nécessaire à l'élargissement de l'humain (ce serait un contresens de croire que cela implique que l'homme ne doit sauver dans la nature que ce qui lui est utile : l'humain inclut le rapport poétique à la nature, le sentiment esthétique de la beauté, c'est-à-dire le respect de la chose, arbre, fleuve ou satellite de Jupiter, en son « être » indépendamment de son « ustensilité », comme dirait Heidegger, etc.) .
Et sans doute, mais je ne puis développer cela ici, faudra-t-il pour cela une nouvelle révolution scientifique qui permette à la science, aujourd'hui dominée par la recherche du profit et par les conceptions positivistes- technicistes qu'il lui prescrit, de renouer avec les intentions théoriques, explicatives, philosophiques en un mot, qui furent celles des fondateurs de la science à l'époque de Thalès, d'Anaximène et de Démocrite, où le mot grec « sophia » signifiait à la fois science et « sagesse » : nouvelle raison de s'intéresser à la Dialectique de la nature d'Engels, qui permet, sur des bases strictement matérialistes, de situer globalement, logiquement et historiquement le rapport de la nature et de la culture en faisant émerger la construction matérielle du sens, dessiné par les contradictions et le jeu de leur aléatoire et toujours réversible résolution.
Cela permet également d'écarter l'idée que le communisme serait par essence un productivisme. Bien entendu, le marxisme ne rêve pas du paradis perdu ni d'un quelconque « en-deçà » de la production. Bien entendu, la satisfaction des besoins humains impliquera à l'avenir un large développement des activités productives utiles aux individus, car des milliards de gens n'accèdent pas au minimum vital en fait de logement, d'école, de soins, de nourriture, d'électricité, d'eau courante. Mais est-il exagéré de dire qu'un des moteurs de la production de demain consistera à mettre le paquet sur la sauvegarde de l'air, de l'eau, de la terre et de l'énergie propre , et que cela ne sera nullement un « à côté », comme aujourd'hui, de la production de portables, de consoles Nintendo, de 4x4, qui sont le cour de la production-destruction du capitalisme parasitaire ?
Je n'ai ici parlé que de la nature extérieure, de l'environnement : j'aurais dû parler aussi de la nature intérieure , du corps humain , car dans la millénaire dialectique de la nature et de l'histoire, nous en sommes arrivés à un point nodal du développe-ment humain où la « complexion naturelle de l'homme », qui a jadis engendré un être capable de culture, est elle-même en passe d'être dominée par la culture puisque la génétique a dressé la carte du génome humain ; avancée qui peut donner le pire sous le néo-libéralisme actuel, puisque les Monsanto du génie génétique humain ne se comporteront sûrement pas mieux quand ils domineront les manipulations sur l'homme qu'ils ne se comportent aujourd'hui quand il s'agit de commercialiser sans précautions suffisantes leurs OGM végétaux. Alors, comment préserver ce qui, dans le patrimoine génétique humain, est, non pas la source de maladies génétiques affreuses (qu'on ne compte pas sur les communistes pour refuser TOUTE manipulation génétique au nom du caractère « sacré » de la nature humaine « créée » par Dieu !), mais rend possible la liberté de l'homme : j'ai en vue ce dispositif anatomique de l'homo sapiens où converge un potentiel créateur (l'ensemble bipédie/main/cerveau/pharynx) et de contingence fonctionnelle (par ex., l'aléa de la reproduction sexuée qui rend l'enfant à naître « improgrammable » par ses parents, la relative indétermination fonctionnelle de la main et des neurones, qui peuvent produire des Mozart, des Angela Davis ou des Magellan...) ?
Pour y parvenir, quoi d'autre une fois encore qu'une maîtrise collective, démocratique, globale, c'est-à-dire communiste, du développement scientifique et technique, impliquant la socialisation de la recherche bio-médicale mondiale, et d'abord, nationale ? C'est bien d'une bio-politique anticapitaliste, antiraciste et antifasciste, et pas seulement d'une bioéthique dépolitisée que nous avons besoin là encore pour contrer l'exterminisme objectif du capitalisme pourrissant, qui pourrait peu à peu tuer l'humanité en l'homme sans avoir besoin en apparence, de tuer un seul être « humain ».
III) affronter l'opportunisme international et la criminalisation du communisme,
faire renaître le communisme international et le mouvement anti-impérialiste mondial
Comme on le voit, le salut du mouvement progressiste n'est certainement pas dans une « rupture avec le bolchevisme » qui ne peut être rien d'autre, les faits l'ont montré, qu'un « alter-européisme », voire un alter-libéralisme, c'est-à-dire en fait un accompagnement de gauche du néo-libéralisme. Au moment où la droite mondiale reste conduite par Bush et coopère de plus en plus avec l'extrême droite dans nombre de pays d'Europe, au moment où dans toute l'UE, la chasse aux sorcières et les vannes de la criminalisation du communisme sont ouvertes, au moment où les partis sociaux-démocrates évoluent vers le « blairisme-clintonisme » en renonçant à toute idée de progrès social, au moment où en France, c'est la droite ultra, mélange de thatchérisme et de berlusconisme, qui est au pouvoir, ce n'est pas d'un communisme affadi et « décaféiné » que nous avons besoin, mais d'une gauche populaire antifasciste, anti-Maastricht, refusant l'anticommunisme, assumant à la fois les batailles nationales et les luttes sociales. Et la reconstitution d'une telle gauche est impossible sans une rupture politique et idéologique avec l'opportunisme et avec la conciliation avec l'opportunisme . Si les communistes, si les révolutionnaires ne « jettent pas l'ancre rouge » du léninisme, comment s'étonner que la social-démocratie dérive vers le libéralisme sociétal, pendant que la droite traditionnelle s'arrime à l'extrême droite. Tel Jésus dans l'Evangile, Lénine pourrait dire à ses disciples révolutionnaires tentés de mettre de l'eau dans leur vin : « vous êtes le sel de la terre, mais si le sel perd sa saveur, qui la lui rendra » ?
D'autant plus qu'en Amérique latine, l'expérience de Cuba aidant, le Venezuela remet le socialisme à l'ordre du jour et que, s'attendant à des affrontements de classe décisifs avec les forces du capital et de l'impérialisme, Chavez entreprend d'armer le peuple. Sans rejeter a priori la légitimation qui peut résulter d'élections favorables organisées dans le cadre légal, le régime chaviste tire les conclusions des illusions des années 60/70 sur l'idée d'une voie purement « pacifique » au socialisme. Des illusions qui ont coûté cher au peuple chilien et qui n'ont eu nulle part de traduction concrète puisque depuis 56 : car si on a vu le socialisme céder pacifiquement le pas au capitalisme dans une majorité de pays de l'est, on n'a vu nulle par le capitalisme s'effacer avec courtoisie devant le socialisme, Chavez lui-même ayant déjà dû faire face à deux tentatives de coup d'Etat. Mon propos n'est pas pour autant de condamner dogmatiquement la voie pacifique, ni d'ériger en absolu la voie armée, les deux peuvent se combiner en fonction des données concrètes pourvu qu'on n'oublie pas l'essentiel : qu' il n'y a jamais de révolution socialiste sans rupture révolutionnaire , sans conquête du pouvoir politique, sans brisure de l'appareil répressif d'Etat et substitu-tion à cet appareil d'un nouvel appareil issu des masses en lutte, sans socialisation des grands moyens de production, bref, sans transfert du pouvoir politique et économique d'une classe à une autre puisque par définition, ce transfert constitue l'essence même de l'idée de révolution. Et tout cela a été vérifié récemment puisque dans tous les pays où la contre-révolution a triomphé, toutes ces lois de la révolution énumérées par Lénine dans « L'Etat et la Révolution » ont été observées. à l'envers (cf dans mon livre « Mondialisation », le passage intitulé « l'Etat et la contre-révolution »).
Tout ce que nous avons dit dans les deux premières parties resterait en effet lettre morte, faute de moyens d'action et d'organisation, si les marxistes-léninistes du monde entier ne mettent pas en ouvre tous les leviers qui sont à leur portée.
D'abord, pour s'unir, il faut clarifier ce qu'il faut entendre par marxisme-léninisme. Il ne s'agit pas d'un corps de doctrine à apprendre par cour, comme cela s'est trop souvent fait à l'est. Certes, par marxisme-léninisme nous entendons d'abord des enseignements précis, dont la plupart sont encore plus valables qu'à l'époque où les « classiques » les ont formulés pour la simple raison qu'entre-temps les contradictions du capitalisme ont mûri et que l'impérialisme menace désor-mais l'existence même de l'humanité. Le marxisme-léninisme, c'est surtout une démarche matérialiste et dialectique dont le fil rouge est la mise en évidence du rôle dirigeant de la classe des travailleurs salariés dans le passage du capitalisme au socialisme et, pour ce faire, de la nécessité d'une avant-garde liée aux masses et les aidant à s'émanciper elles-mêmes en s'emparant d'une analyse scientifique de la société et d'un programme clair de transformation sociale.
Il faut refuser le négationnisme historique ; comment reconstruire quoi que ce soit de révolutionnaire si l'on accepte l'idée que la 1 ère expérience de socialisme était intrinsèquement « criminelle » et « perverse », si l'on accepte de mettre à égalité le nazisme et le pays de Stalingrad, comme y invite l'anti-totalitarisme abstrait ? Cela ne signifie nullement qu'il faudrait renoncer à toute critique de Staline ou des dirigeants qui lui ont succédé, mais il faut assumer l'héritage pour avoir le droit de le critiquer à partir de critères de classe, et non à partir des conceptions qui jugent du socialisme selon les critères du capitalisme. C'est très exactement ce que Lénine appelait « l'assimilation critique de l'héritage ».
rompre idéologiquement et politiquement avec l'opportunisme : c'est la question la plus difficile prati-quement , car dans une situation de défaite du mouvement communiste et de recul du mouvement ouvrier, l'élan est dans un 1 er temps du côté des liquidateurs, et la tentation est grande pour certains marxistes de concilier avec eux sous prétexte que les forces manquent pour bâtir autre chose. C'est pourtant l'union politique des révolutionnaires et des liquidateurs du communisme sous la domination de ces derniers qui est la principale force de la grande bourgeoisie et qui permet les dérives fascisantes. puisque la condition minimale pour que la classe ouvrière pèse sur la scène politique, est son indépendance politique par rapport aux liquidateurs, qui sont les « labour lieutnants of the capitalist class » selon le mot de Lénine.
Cela ne signifie pas « jouer avec la scission », mais faire en sorte que les marxistes, abandonnant la timidité de la période précédente, où diplomatie et langue de bois dominaient les relations inter-nationales entre communistes, s'organisent pour penser, débattre, mener ensemble ce qui conditionne tout le reste : le travail théorique et la lutte des idées.
Combien à cet égard nos adversaires sont-ils moins frileux que nous, dont la devise est censée être « prolétai-res de tous pays, unissez-vous ! ». Alors qu'il existe des institutions mondiales de la bourgeoisie, OMC, FMI, G8, alors qu'il existe une Internationale social-démocrate et des Internationales réactionnaires, les communistes se satisfont d'une situation où la Troisième Internationale est dissoute depuis 64 ans sur proposition de Staline ! Le syndicalisme de collaboration de classes fait tout pour se mondialiser en liquidant la FSM et les PC en rupture de léninisme se sont dotés d'un « parti » européen subven-tionné par Bruxelles et tellement obsédé d'anti-stalinisme primaire qu'il est totalement indifférent aux persécutions anticommu-nistes qui frappent nos camarades baltes, tchèques, roumains, polonais, etc. ! Dans la France de Sarkozy, où le droit de grève est amputé et où des milliers d'immigrés sont expulsés chaque mois, des intellectuels communistes comme l'historienne Annie Lacroix-Riz ou comme moi-même sont menacés de mort par certains groupes « libertariens ». Au moment où en France, le prochain congrès du PCF débattra officiellement du nom du parti et de sa référence au communisme, au moment où les dirigeants majoritaires de Rifondazione comunista parlent de lui substituer une « Rifondazione socialista » et sont complètement compromis avec le gouvernement Prodi, comment les vrais communistes échapperont-ils à la dissolution, voire à l'interdiction, s'ils ne se solidarisent pas internationalement autrement qu'au coup par coup ?
Bien sûr il existe des forums communistes internationaux, et il faut les soutenir, mais combien serions-nous plus efficaces, fût-ce de manière informelle et exploratoire au départ, si nous bénéficiions d'une structure internationale de discus-sion et d'échange, voire de solidarité !
Au-delà des problèmes théoriques, n'est-il pas opportun de s'unir sur des bases de solidarité internationale ? Alors qu'on peut s'attendre à un énorme battage anticommuniste et anti-léniniste à l'occasion du 90 ème anniversaire d'Octobre 17, il est dommage de constater qu'il n'y aura pas à cette occasion de riposte de masse commune des communistes d'Europe de l'Ouest pour défendre la mémoire de Lénine (je me permets de signaler cependant l'initiative du Comité Internationaliste pour la Solidarité de Classe (France), qui édite en novembre une « contribution au livre noir de l'anticommunisme et de la contre-révolution », avec la signature de communistes français, polonais, espagnols, belges, etc.).
Cela ne signifie pas que Mouvement communiste international et Front anti-impérialiste mondial doivent être confondus. Il est salutaire que Chavez ait fait, à l'été 2006, la tournée des pays ciblés par Washington, de la Chine à l'Iran, de la Biélorussie à Cuba, car l'impérialisme est l'ennemi principal des peuples. Pour autant, ne serait-ce que pour aider les pays ciblés par l'impérialisme à s'unir, ne serait-ce que pour ne pas aider les intégristes à conquérir la direction du mouvement, ne convient-il pas, à côté de ce Front anti-impérialiste mondial , d'agir, si prudemment que ce soit, pour réorganiser le Mouvement communiste international , en cherchant à lui donner une forme démocratique certes, mais en s'appuyant surtout sur des repères idéologiques communs et sur des actions de solidarité avec tous les communistes du monde.
Une question majeure est d 'appuyer ensemble la Révolution bolivarienne et Cuba socialiste : sans suivisme certes, mais sans ménager leur solidarité politique de fond, c'est dans ce renouveau du socialisme, où la démocratie populaire de masse tient un rôle prometteur mais où les tâches de ce que Lénine nommait dictature du prolétariat ne semblent pas oubliées, que nous ferons revivre nos idéaux à l'échelle de la planète ;
Enfin il faut agir pour sortir nos pays respectifs de l'UE du capital, pas pour prôner un « repli national », mais pour recouvrer l'indépendance nationale, construire de nouveaux traités analogues à l'Alba, et aussi, tout simplement, pour rouvrir la voie du socialisme ; le très totalitaire traité de Maastricht interdit en effet le socialisme puisqu'il rend obligatoire « l'économie de marché ouverte sur le monde ».
Qu'il est dommage qu'il n'ait pas existé en mai-juin 2005 à l'échelle de l'Europe une structure coordonnant des progressistes pour refuser toute constitution supranationale et prolonger politiquement les Non, restés sans traduction politique, des Français et des Hollandais à la constitution européenne !
Alors que le « syndicalisme » européen officiel de la CES ne lève pas un doigt pour coordonner les luttes contre la casse européenne des services publics et des retraites, on mesure à quel point il serait nécessaire d'a ctiver l'internatio-nalisme prolétarien et la solidarité des peuples face aux attaques planifiées de la réaction, relayée par l'Europe de Bruxelles !
Tout pas en avant qui peut être fait pour fédérer internationalement les communistes et les révolutionnaires, pour leur permettre de procéder ensemble à l'analyse marxiste du présent, de combattre ensemble la criminalisation du commu-nisme, de résister ensemble à l'euro-maccarthysme, de réfuter ensemble les conceptions opportunistes, de se lier en profon-deur au mouvement anti-impérialiste, est un élément de re-mobilisation du mouvement ouvrier, aujourd'hui en grande difficulté en France par suite des trahisons politico-syndicales à répétition dont il a été l'objet, face à un pouvoir digne de Vichy.
Tout les trois ans, il est merveilleux de se retrouver ici dans cet Alentejo populaire cher à Vasco Gonçalves, mais c'est en permanence qu'il faut se donner les moyens de combattre la barbarie capitaliste et d'appeler l'humanité à reprendre le chemin du progrès et de la civilisation. Bannissons à ce sujet tout esprit de quiétude : la division de l'humanité en classes est devenue un luxe incompatible avec l'existence même de la civilisation et une véritable course contre la montré est engagée entre la civilisation sans classes du futur et la destruction capitaliste de tout futur possible !
Bibliographie de G. Gastaud
Mondialisation capitaliste et projet communiste , Temps des cerises , 97, 6 rue Vaillant, 93500 Pantin (F) ;
5 parties :
I- « réduire la fracture idéologique : sur l'avant-garde en France » ;
II- « décrypter la novlangue » ;
III- « l'Etat et la contre-révolution », éléments pour une approche marxiste du processus contre-révolutionnaire ;
IV- Marxisme et universalisme (sur l'approche matérialiste de l'universel concret dans différents domaines : A/ classe, nation, humanité ; B/ physique et philosophie ; C/ écologie/bioéthique) ;
V/ sur la renaissance communiste ;
In, « Communisme, quel avenir ? », ibid.,
« Lettre ouverte aux 'bons Français' qui détruisent la France », pamphlet, ibid. 2005
Actuel Marx/PUF ,1999, « Octobre 17 : causes, ruptures, prolongements », cf article « Pour une analyse révolutionnaire de la contre-révolution » ;
Dans les revues
in « Raison présente », de l'Union rationaliste, n°110 : G.G., Dialectique et bioéthique , 14 rue de l'Ecole Polytechnique, 75005 Paris ;
in « Civilizaçao ou Barbarie », 1, Serpa 2004 , « exterminismo capitalista ou renascimento comunista » ;
in « Cahiers philosophiques » : « la vie éphémère » , article sur la Lettre à Ménécée d'Epicure et le rapport entre « être » et « valeurs » ; éditions du CRDP, juin 1987, 29 rue d'Ulm, 75230 Paris Cedex 05 ;
in « La Pensée », 1997, G.G., « matérialisme et exterminisme » ;
in « La Pensée », n°259, 1987, Lettre de G. Gastaud à G. Cohen-Tannoudji sur le rapport entre philosophie matérialiste, physique des particules et cosmologie » ;
in « La Pensée », n°275, mai 90, débat entre Y. Quiniou, G. G., L. Sève : le marxisme est-il une ontologie ?
in « La Recherche », novembre 2007 (à paraître), lettre de G. Gastaud à la rédaction sur le réalisme physique ;
un « Recherches internationales », été 87, n°24, Harmaghédon ou Jugement de Salomon ; à propos de l'exterminisme américain ;
in « Contradictions » : « Face au retour de l'exterminisme », n° 97, 2002, 2 rue des Grenadiers, 1050 Bruxelles ;
En allemand, dans la revue « Marxistische Blätter » , Nazismus und Exterminismus
In « Propuesta comunista » (PCPE) : « en Francia, la renuncia a la theoria desarmo ideologicamente a los militantes comunistas y a las masas populares » (n.43, 2005) ;
In « Revue Commune », n°42, G. Gastaud, « appel à la gauche d'en bas » ;
In Trybuna , journal communiste bulgare, L'apport théorique de G. Dimitrov »
In « EtincelleS », revue théorique du Cercle Lénine de Culture Populaire, 199 rue Zola, 62800 Liévin (France) :
« matérialisme et formalisme » ;
« pour le matérialisme dialectique » ;
« ressourcer l'économie marxiste : sur le travail productif » ;
numéro spécial « Sur la Dialectique de la nature » , article de fond plus nombreuses recensions ;
numéro spécial « Exterminisme et criminalisation », étude du texte de Kant « Projet de paix perpétuelle » ;
Brochures du CLCP :
« matérialisme et exterminisme », 1985 ;
« contre la dissuasion nucléaire » ;
« guerre idéologique et idéologie de guerre », 1984, de la signification militaire de l'antisoviétisme ;
« pour Clausewitz, contre la guerre » ;
Doit sortir en 2007 un livre sur la morale intitulé « Sagesse de la révolution », au Temps des cerises ;
Par ailleurs, G. Gastaud dirige la rubrique théorique du mensuel « Initiative communiste », édité par le Pôle de Renaissance Communiste en France , abonnement 22 € l'an, 199 rue Zola, 62800 Liévin (F).
Cf aussi interview en espagnol de G. Gastaud par Rémy Herrera, sur le site latino-américain « Rebelion ».
Voir également la rubrique théorique du site du PRCF www.initiative-communiste.fr , notamment
« Bilan des « voies pacifiques au socialisme » », et
« Lagarde erre », réponse de G. Gastaud au discours aux députés de C. Lagarde, la ministre de l'Economie de Sarkozy sur la « valeur travail ».
Voir à ce sujet l'étrange roman désespéré de Christa Wolf, « Cassandre », paru bien avant la chute de la RDA.
La transcendance nihiliste du capital, son idéalisme « matériel » consiste à « ne pas s'attacher aux hommes, aux pays, aux produits », comme on l'enseigne dans les écoles de « management ».
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C. LAGARDE ERRE, ou
Comment la nouvelle « dame de fer » du l'UMP-MEDEF
Mène son combat patronal aux cris de « à bas la lutte de classe » (ouvrière)
par Georges Gastaud, philosophe
Ministre de l'Economie et des Finances, figure de Businesseurope, candidate présumée au rôle de « Dame de fer » française, Madame Christine Lagarde a lu ce 10 juillet un véritable Manifeste du parti patronal devant des députés UMP enthousiastes. Elle y dénonce avec virulence le « Droit à la paresse » du socialiste Paul Lafargue (1880) et la « lutte des classes » de Marx ; elle y fustige les chômeurs et autres « assistés » et elle termine par des propos qui se veulent assassins contre les intellectuels français et contre. l'activité même de penser ! Ce brûlot réactionnaire vise à justifier la stratégie sarkozyste de « rupture » qui va se traduire pêle-mêle dès cet été par la casse du droit de grève, par la franchise sur les remboursements médicaux, la mise en concurrence des universités, la suppression de 30 000 postes dans la fonction publique (dont 17 000 dans l'enseignement public !), la vente à la criée du capital public de France Télécom, la privatisation accélérée de GdF et d'EDF, la libéralisation des activités postales, le feu vert donné aux actionnaires de Danone pour vendre aux fonds de pension ce fleuron de l'agroalimentaire français, par de nouvelles attaques contre le code du travail, par la création d'une garde prétorienne (fusion du GIGN et de la garde présidentielle !) et, cerise sur le gâteau de cette revanche sur 89, 36, 45 et 68, par le lancement de la constitution européenne bis rédigée par Merkel et contresignée par son féal Sarkozy au mépris du 29 mai 2005.
Face à ces attaques antisociales et antinationales d'une brutalité sans égal depuis 39/40, les intellectuels marxistes, -qu'ils soient de formation universitaire et/ou de formation militante-, se doivent de mettre en pratique la devise de Georges Politzer, ce professeur de philosophie communiste qui releva le drapeau des Lumières et de la Pensée en 1940, et qui fut pour cela livré aux bourreaux nazis par le gouvernement « français » de capitulation nationale : « l'esprit critique, l'indépendance intellectuelle ne consistent pas à céder à la réaction, mais à ne pas lui céder », écrivait alors Politzer.
1°) Le « Droit à la paresse » : strictement réservé aux richards du « Fouquet's » !
Commençons par l'attaque grossière lancée par C. Lagarde contre le spirituel pamphlet de Paul Lafargue « le droit à la paresse ».
Ignorant pudiquement le contexte historique de ce pamphlet, celui d'un lutte ouvrière incroyablement dangereuse pour la journée de 8 heures à une époque où les paresseux ancêtres patronaux de Lagarde tuaient leurs ouvriers au travail et SE réservaient le droit à l'oisiveté (il n'est que de relire la « Recherche du temps perdu » pour voir comment meublait son temps l'aristocratie rentière de la « Belle époque »), Lagarde accuse la gauche d'avoir « considéré le travail comme une servitude ». « Le » travail, vraiment ? Ou le travail de l'esclave (servile par définition !), le travail du serf (sur lequel les De Villepin, De Robien, De Panafieu, Sarkozy de Nagy-Bocsa, et autres dynastes ont construit leur pouvoir et leur richesse), ou encore le travail exploité, humilié, aliéné, méprisé, du prolétaire en régime capitaliste ? Car, honorable laudatrice du « travail libérateur » pour les autres , il était évidemment « émancipateur » pour les gosses du nord d' « aller al'carbon » au lieu d'aller à l'école ; il était « libérateur » pour les fileuses de Roubaix de finir leur jeunesse aveugles tant elles avaient accumulé de coton dans les yeux ; combien triste en comparaison était la vie des maîtres de la Forge, fondateurs de la dynastie Seillères-de Wendel, ou celle des actionnaires du textile qui passaient (déjà !) leur précieux temps à spéculer, à tondre la laine des « emprunts russes », à « faire bombance » (pour parler comme Lagarde !) sur le dos des moujiks, pour mieux « fainéanter » de Biarritz au Touquet !
Au demeurant, Mme Lagarde caricature grossièrement la pensée de Lafargue, introducteur du marxisme en France. Même si Lafargue mord souvent le trait en accusant « le travail » en général (c'est la loi de ce genre littéraire qu'on nomme « pamphlet » que de pratiquer l'hyperbole et la caricature), il était bien placé pour savoir que Marx n'a jamais stupidement proposé de célébrer unilatéralement le travail soit comme « libérateur » soit comme « aliénant ». Dans son principe, le travail est potentiellement libérateur puisque « l'homme se distingue des animaux en produisant ses moyens d'existence » (L'Idéologie allemande ), en développant la technique, qui lui permet de maîtriser la nature et de satisfaire ses besoins tout en construisant la culture et la société. Mais dans les faits, le travail exploité est une malédiction pour les travailleurs, ravalés plus bas que la bête de somme par l'avidité des classes exploiteuses qui ne font jamais l'éloge du « travail manuel », si « sain », si « hygiénique »-, que pour exploiter les travailleurs jusqu'à l'extrême limite. Et c'est encore vrai de nos jours, malgré les progrès techniques et sociaux que les prolétaires ont arrachés aux patrons par la grève, puisque les ouvriers (que l'on presse de « travailler plus pour gagner plus ») meurent en moyenne dix à quinze ans plus tôt que les Copé, Lagarde et autres fils et filles à papa qui n'ont jamais coiffé un casque de chantier que pour aller piper des voix le temps d'une élection !
La réalité, c'est que pour Marx, le socialisme, puis le communisme permettront au travail de déployer tout son potentiel libérateur parce que les salariés, devenus des « producteurs associés », travailleront enfin pour eux-mêmes au lieu d'ouvrer pour leurs exploiteurs, parce qu'ils organiseront la production de manière démocratique et planifiée en fonction des besoins sociaux (au lieu d'ouvrer à l'aveugle pour le profit de quelques-uns dans un climat permanent de guerre de tous contre tous). Et aussi parce que le travail lui-même, libéré de l'exploitation mais aussi de la division sociale et technique qui le parcellise à l'extrême (opposition du travail manuel et du travail intellectuel, enfermement dans des tâches répétitives et ennuyeuses.) cessera alors d'être ce qu'il est pour des millions de gens : une corvée indispensable pour vivre ou plutôt pour survivre, en devenant le « premier besoin » humain, comme il l'est déjà dans les professions où les travailleurs peuvent donner libre cours à leur esprit d'initiative. Pour cela, encore faut-il que les moyens de production et d'échange, accaparés par ces « assistés professionnels » que sont les PARASITES du capital financier, deviennent la propriété de toute la société, à l'inverse de ce que fait la ci-devant Lagarde en menaçant de vendre EDF aux frelons de Suez et de Powéo ! Alors oui, l' « esprit d'entreprise », aujourd'hui accaparé dans les mots par le patronat (qui a plongé notre pays dans le marasme à force de spéculer et de désindustrialiser le pays, au lieu d'investir et d' entreprendre !), deviendra « la chose du monde la mieux partagée » parce que chacun y aura objectivement intérêt.
Pourtant, même libéré de l'exploitation capitaliste, le travail n'est pas la fin dernière de l'humanité comme l'a jadis démontré le fondateur de l'économie politique, qui n'était pas Marx mais Aristote, à côté duquel Mme Lagarde fait figure de naine de la pensée . Car une activité n'est un travail que lorsqu'elle vise autre chose qu'elle-même ; à moins de perversion particulière, personne n'a jamais cassé de cailloux pour le plaisir, mais pour chausser les routes. Le travail procède du fait que l'homme, être vivant qui ne peut compter sur la Providence pour que les cailles tombent rôties dans sa bouche, doit aménager la nature pour satisfaire ses besoins. Mais en améliorant ses techniques, en consolidant ses connaissances scientifiques (« on ne commande à la nature qu'en lui obéissant », disait F. Bacon), l'homme satisfait mieux et à meilleur compte ses besoins. Et il dégage du temps pour une activité vraiment libre : amour, amitié, recherche scientifique désintéressée, plaisirs corporels (ah la « bombance » que semble détester, -pour la forme, on l'espère pour elle-, Mme Lagarde !), philosophie ( mon Dieu, quelle horreur !), art, activité politique, spiritualité.).
Bien sûr tout cela serait perdu pour la « valeur » que vous respectez le plus, Madame, et qui n'est pas la « valeur travail » mais le sacro-saint Profit privé ! Mais rassurez-vous, « l'oisiveté » est loin d'être mère de tous les vices. Déjà dans l'Antiquité, sans ces grands « oisifs » que furent Platon, Euclide, Aristote, Archimède, Diophante, jamais les maths, jamais la démonstration et l'astronomie, fondements de toute la « modernité », n'auraient décollé, puisqu'elles furent inventées non pour des fins utilitaires, encore moins pour gagner de l'argent, mais « pour le plaisir » et par amour de la vérité (difficile à comprendre quand on sort d'HEC, pas vrai ?). Mais il ne faut pas espérer beaucoup de bonne foi en la matière de la part des gouvernants « pragmatiques » qui se succèdent depuis des décennies et qui n'ont de cesse de tailler dans les crédits de la Recherche fondamentale et de l'Ecole (« scholè » veut dire « loisir » en grec ancien, c'est l'équivalent du mot latin « otium », dont le contraire se dit « négotium » et a donné « négoce ».).
Et quand le loisir cultivé, tout aussi opposé au travail exploité qu'aux abrutissants « loisirs » aliénés proposés par Télé-Bouygues et Eurodisney, deviendra le lot commun de l'humanité, la productivité du travail ne baissera pas, elle sera au contraire démultipliée puisque toute la société contribuera directement ou indirectement à la maîtrise consciente de la nature et de l'histoire. C'est ce que dit la phrase mystérieuse de cet individualiste conséquent qu'était Marx, quand il définit le communisme comme la société dans laquelle « le développement de chacun sera la clé du développement de tous ».
Bref, le marxisme n'oppose pas plus « le » travail « au » loisir qu'il n'oppose « l'individu » au « collectif » ; au contraire le marxisme associe le travail e xploité au loisir aliéné , qui en est le supplément réparateur et l'opium compensatoire. Symétriquement, Marx associe le travail libre des « producteurs associés », collectivement devenus maîtres des entreprises et de l'administration publique, au loisir créateur d'individus multilatéralement développés, se donnant les moyens éducatifs et culturels de diriger collectivement la société et l'économie, de créer des ouvres d'art, de réinventer l'amour, d'échanger des pensées construites pour chercher ensemble la vérité, bref de construire l'histoire et LEUR histoire en se passant à jamais des Sarko, Lagarde et autre Bernard Arnault.
Et Marx ne se contente pas d'unir « en pensée » ce que Mme Lagarde oppose stérilement dans le but d'opposer inhumainement « celui qui se lève tôt » à celui « pour lequel tous les jours sont dimanche » (heureux chômeurs, érèmistes et autres retraités qui vous gavez d'ortolans et partez chaque week-end sur un yacht à Malte avec votre ami Bolloré !) ? A moins que cette criminalisation proprement fasciste des exclus ne désigne les enfants, si lamentablement entêtés à aller longtemps à l'école au lieu de partir en apprentis-sage pour trois francs six sous, ou les malades, qui « s'écoutent » au lieu d'aller travailler avec la fièvre, ou plus généralement ces fainéants de travailleurs gaulois qui refusent de trimer jusqu'à cent ans comme le font certains de leurs homologues aux « States » !) Que vous êtes humaine, ouverte et compatissante, Mme Lagarde, pour ceux et celles que votre impitoyable système capitaliste prive de travail à coups de délocalisations et de « dégraissages », que vous êtes aimantes envers les retraités qui se sont payés leur retraites en cotisant toute leur vie ! Marx, qui n'est pas idéaliste mais matérialiste, indique le chemin pour associer, non pas à l'occasion d'une anodine dissertation de philosophie scolaire, mais DANS LA VIE, le travailleur actif à son homologue retraité, à l'étudiant en formation, au salarié privé d'emploi, tous membres de la même classe exploitée, quand il écrit avec Engels « prolétaires de tous les pays, unissez-vous » ! Unissez-vous contre les Seilleres, Parisot, Rothschild et autres capitalistes qui ont tout intérêt à appeler « valeur travail » l'exploitation capitalist forcenée, le culte abject du profit-Dieu et la très passéiste revanche patronale sur l'été 36 (congés payés, quarante heures) et sur le printemps 68 !
Et bien sûr cela se nomme. la « lutte des classes ».
Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, Mme Lagarde s'en prend avec virulence à la « lutte des classes qui « n'est plus d'aucune utilité pour comprendre notre société ». Ah ce marxisme, ce communisme, si « morts » et si « périmés » qu'il faut sans cesse les tuer, le re-tuer et les re-re-tuer dans chaque publication universitaire de prestige, dans chaque chronique matinale de France Inter, dans chaque discours ministériel. Ainsi donc Mme Lagarde, il n'y a plus, il n'y aura de lutte entre les « riches » et les « pauvres » en France ? Il n'y a pas d'un côté des gens, à Neuilly par exemple, ou à Monte-Carlo, qui achètent et revendent chaque semaine des appartements que des maçons, qui en construisent tous les jours, ne pourraient même pas louer une semaine en y mettant les économies d'une vie. Il n'y a pas des gens qui « vivent » avec le SMIC ou le RMI sans jamais aller au ciné, sans connaître le restau, sans jamais partir en vacances, tout en se levant tôt chaque matin, comme ces sept millions de travailleurs pauvres récemment répertoriés par un livre qui n'a rien de « marxiste » ? Il n'y a pas des centaines de milliers de gens qui travaillent dur et qui dorment dehors, alors que la spéculation immobilière fait florès ? Il n'y a pas eu DEUX France lors du référendum de 1992 sur Maastricht et lors du référendum du 29 mai 2005, lorsque Neuilly a massivement voté Oui et que le Pas-de-Calais ouvrier a massivement voté Non ? Il n'y a pas eu DEUX France au printemps 2006, quand les étudiants d'origine modeste ont levé le drapeau de la révolte contre le Contrat Patronal d'Esclavage, vite appuyés par des millions d'ouvriers, d'employés, d'enseignants en voie de prolétarisation, de chômeurs. pendant que la France d'en haut, Le Pen et De Villiers en tête, appelait à REPRIMER ces fainéants qui bloquaient les facs, les routes et les lycées en mettant en place ces odieux procédés d'un autre temps, les piquets de grève interdisant aux briseurs de grève d'entrer sur les campus ?
Mais votre indignation contre cette « vieillerie » de la lutte des classes est franchement comique, Mme la ministresse tout droit sortie des conseils d'administration du CAC 40 ! Car que faites-vous au juste dans votre ministère ? Pour payer les énormes cadeaux fiscaux consentis aux contribuables les plus riches, ces « banquiers et hommes d'affaires français » qui ont quitté la France pour ne pas payer leurs impôts, pour financer les « boucliers fiscaux » et la mise en extinction de l'impôt de solidarité sur la fortune, vous allez
-supprimer dix-sept mille postes d'enseignants (17000, pas de faute de frappe !), et autant de postes dans la fonction publique (des infirmières, des sapeurs-pompiers, des éducateurs de rue, des assistantes sociales.) qui jusqu'à preuve du contraire, sont des travailleurs salariés et sont au service des Français les moins fortunés qui ne peuvent se payer dans le privé des services équivalents.
-instaurer une franchise médicale qui obligera prochainement un retraité modeste à PAYER chaque fois qu'il devra, pour soigner ses vieux jours et non pour s'amuser le dimanche, aller chez le généraliste, puis chez le spécialiste, puis chez le pharmacien, puis peut-être à l'hôpital ;
-casser le droit de grève des salariés et des étudiants, le tout (hypocrite !) au nom du « service minimum ». alors que le grand patronat et les milliardaires disposent d'un droit de grève SANS LIMITE puis-qu'ils peuvent délocaliser à leur guise si les ouvriers français veulent conserver leurs pauvres droits, et puisque, au lieu de prendre des mesures contre les MAUVAIS CITOYENS qui fuient la France pour planquer leur magot accumulé sur le dos des salariés, filent à Londres ou à Monaco, vous les suppliez à deux genoux : « revenez, la France ce n'est pas le purgatoire et nous avons besoin de vous ». Votre politique, Mme Lagarde, c'est tout pour les riches, les arrogants, les puissants, ceux qui méprisent la France et ne parlent déjà plus qu'anglais entre eux, et c'est peau de balle pour les prolos (travaillez plus pour que les patrons et les ministres puissent dégraisser davantage !), c'est mort aux agents du service public (ces « paresseux » qui éduquent, soignent, réparent des lignes électriques, retapent des voies ferrées, trient des lettres. mais vous ne savez pas, Mme Lagarde, ce que c'est que le vrai travail qui est pour vous, quoique vous en disiez, une pensée et non une réalité vécue !), c'est mort aux érèmistes, ces « assistés », c'est retraite de plus en plus chiche et de plus en plus tardive pour les vieux travailleurs, c'est répression impitoyable pour les jeunes manifestants anti-CPE condamnés sans pitié à de la taule à18 ans pendant que Mme Sarkozy dispose d'une « carte bleue » pour se goberger aux frais du contribuable !
Bref, au moment où vous niez la lutte de classes, vous la MENEZ, car la lutte de classes, ce n'est pas seulement comme le croient les petits historiens qui n'ont pas lu Marx et les micro-philosophes qui condamnent ce géant sans l'avoir lu, la lutte des exploités contre les exploiteurs : ça, c'est ce qui se voit dans les trop rares périodes de l'histoire où les exploités se dressent contre leurs maîtres et disent « ça suffit » ! Mais le reste du temps, ce n'est pas Spartacus qui se lève contre Crassus, ce sont les exploiteurs qui mènent la lutte, à chaque minute sur la chaîne de l'usine ou sur le mirador installé en haut du chantier pour gagner une part de plus-value supplémentaire sur le temps et la santé de l'ouvrier, de l'employé, du camionneur et de plus en plus, sur le dos du prof, de l'infirmière, et aussi de tant de petits « patrons », salariés inconscients des banques qui possèdent de fait leurs moyens de production : oui, Mme Lagarde, la lutte des classes, vous la menez sans pitié en cassant sous le nom de « rupture », non seulement les acquis de 68 (droit syndical, augmentation du pouvoir d'achat sans augmentation du temps de travail), 45 (nationalisation d'EDF et de Renault, statuts et conventions collectives, Sécu, retraites par répartition, ordonnances progressistes sur la justice des mineurs.), 36 (congés payés, réduction du temps de travail hebdo, augmentations de salaires, prix agricoles garantis.), mais aussi sur les principes républicains de la Révolution bourgeoise démocratique de 89/94 (République une et indivisible détruite par la « décentralisation », laïcité institutionnelle cédant devant les communautarismes, souveraineté nationale sapée par l'intégration euro-capitaliste, souveraineté populaire moquée par le contournement du 29 mai 2005, séparation des pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif piétinée par l'omniprésent Sarkozy.).
La seule différence entre vous et Marx, c'est que vous, représentante du grand capital, vous devez dissimuler votre combat de classe, vous devez attaquer les CONCEPTS permettant de la penser, parce que l'aveu public que vous menez la guerre sociale, et potentiellement la « guerre civile » contre les salariés ( J. Marseille va jusqu'à en faire l'éloge !), conduirait des millions de Français inconscients qui votent suicidairement pour Sarkozy de Nagy Bocsa, se dresseraient alors contre vous pour vous chasser du pouvoir et mettre enfin en place une démocratie populaire , fondée sur les intérêts de la majorité travailleuse et mettant hors d'état de nuire des parasites qui dirigent notre économie à la dérive. Alors que nous, représentants des travailleurs salariés, nous pouvons faire ce que nous disons et dire ce que nous faisons : nous n'inventons pas la lutte des classes car celle-ci n'a rien d'une « idéologie » (c'est la « collaboration des classes », le prétendu « dialogue social » entre exploiteurs et exploités, qui est un artifice idéologique : n'importe quel salarié de base est à même de constater que lorsque les syndicats se référaient à la lutte des classes, les travailleurs gagnaient, alors que le prétendu dialogue social n'est là que pour couvrir des RECULS sociaux), elle est un fait qui résulte de la nature contradictoire des rapports capitalistes de production qui opposent les intérêts des salariés, surexploités quand ils travaillent, exclus quand il y a crise, à ceux des actionnaires capitalistes, qui gagnent à tous les coups, qu'ils surexploitent les salariés ou qu'ils « revalorisent » leurs actions en licenciant massivement !
Vous êtes même, Madame Lagarde, plus « accro » ou « addicte » que nous, marxistes, à la lutte des classes ; nous, marxistes, nous menons la lutte des classes pour une société sans classes puisque la victoire du prolétariat (dans toute la rigueur de ce mot : ceux qui produisent de la plus value en vendant leur force de travail, qu'ils soient « manuels » ou « intellectuels ») ne sera complète que si les conditions de l'exploitation et de la reconstitu-tion des classes sont définitivement extirpées, bref, si la lutte des classes aboutit à cette société sans classes que Marx nommait le communisme. Une société, soit dit en passant, où l'individu pourra pleinement exister sans être « classé », alors qu'aujourd'hui l'individu n'est le plus souvent que le masque porté par les déterminismes sociaux , qui se présentent à la conscience mystifiée de chacun comme le résultat des « choix » desdits individus ! Alors qu'à l'inverse, le parti des maîtres, dont Mme Lagarde incarne naïvement la pensée de toujours, mène la lutte des classes pour maintenir les classes, donc la lutte des classes (il est aberrant de parler d'égalité républicaine entre les riches et les pauvres puisque l'idée d'égalité entre hommes de classes différentes est une contradiction dans les termes !).
Mais il arrive pourtant à Mme Lagarde ce qui arrive aux Inquisiteurs qui venaient de contraindre Galilée à abjurer la nouvelle astronomie ; ceux-ci, dit-on, entendirent le savant florentin leur murmurer « et pourtant elle tourne » une fois achevée la sinistre cérémonie ! La lutte des classes étant un fait, Mme Lagarde, vous ne pouvez pas la nier, seulement la dénier en paroles : la déformer, la dévoyer, la travestir en fonction de votre objectif : démoraliser la classe laborieuse, la diviser, faciliter la « rupture tranquille » c'est-à-dire l'impossible destruction sans opposition de ce que la réaction appelle le modèle (sic) social-républicain français. Aussi tout votre discours est-il conçu pour diviser les salariés : entre ceux du public et ceux du privé, ceux qui ont un emploi et les bienheureux chômeurs pour lesquels « c'est tous les jours dimanche », les travailleurs manuels et les intellectuels : quand la belette et le petit lapin se disputent, le chat les mange l'un après l'autre : d'abord, prendre appui en apparence sur les travailleurs manuels du privé et sur les retraités abreuvés de discours sécuritaire pour casser les chômeurs, les étudiants et les fonctionnaires ; ensuite le tour des retraités (gare aux pensions de retraite et de réversion !) et des ouvriers du privé, quand le droit de grève des catégories les plus syndiquées (enseignants, cheminots, traminots, électriciens.) sera réduit à néant. Bref, au moment même où Lagarde nie la lutte des classes, elle mène une manouvre de grand style, celle du populisme, qui consiste à prendre appui sur le « petit peuple », non pour combattre les classes capitalistes, mais pour détruire les acquis des travailleurs les plus syndiqués. avant d'écraser l'ensemble de la classe !
Très logiquement, ce festival cynique d'aphorismes lagardiens, aboutit à ce que Platon appelait jadis la « misologie », la haine de la pensée. « La France, a-t-elle regretté, est un pays qui pense ; j'aimerais vous dire, assez pensé maintenant, retroussons nos manches ». Si Mme Lagarde avait de la culture, on pourrait penser qu'elle cite ironiquement Maurice Thorez et son fameux appel de Waziers (45) appelant les mineurs à « retrousser les marches » et à produire le charbon dont la France exsangue avait besoin pour se reconstruire. Mais la comparaison serait mal venue : le même Thorez était alors ministre d'Etat au titre du PCF, le grand parti ouvrier sorti auréolé de son rôle central dans la Résistance armée ; en un an, Thorez mit en place le statut du mineur (garantie de l'emploi, logement et médecin gratuit.) et celui de la fonction publique, pendant que son collègue communiste A. Croizat instituait la Sécu, les comités d'entreprise, les retraites par répartition, les conventions collectives et que le ministre PCF Marcel Paul nationalisait EDF) ; alors cela avait du sens pour les salariés de « retrousser les manches » car le but n'était pas d'enrichir un patronat avide (même si au final les classes dominantes réussirent à pervertir certains acquis et à chasser les ministres communistes sur injonction des USA) ; et jamais Thorez ne s'est permis d'inviter les ouvriers à cesser de « penser » pour « retrousser les manches », il faisait au contraire appel à leur conscience politique pour les appeler à produire. Aujourd'hui, quand un enseignant fera des heures sup, il permettra au ministre de supprimer les postes au CAPES pour les jeunes tentés d'enseigner et ce faisant il « plombera » les comptes de la sécu, il aggravera les déficits des caisses de retraite et il préparera son propre déclassement ; quand un électricien accroîtra sa productivité, il renchérira l'action EDF et augmentera les risques de voir Mme Lagarde précipiter la privatisation de la grande entreprise publique avec, en perspective, la casse des acquis sociaux et du statut des agents EDF, etc. Travailler plus pour dégraisser plus, voilà la perspective tracée par Sarkozy au nom d'un « patriotisme » de pacotille !
Mais surtout, on notera l'attaque incroyable de Mme Lagarde contre la « pensée » ( doublée d'une inévitable « vacherie » patronale contre la France « qui pense », car ces gens-là n'ont jamais de mots assez dur contre leur pays, historiquement classé « rebelle » et « mouton noir » ). De même le gourou de Mme Lagarde a-t-il sciemment « pipolisé » sa première entrevue télévisée en tant que chef de l'Etat, en l'agrémentant d'attaques contre la pensée, l'intelligence et la théorie ( « je ne suis pas un intellectuel », « je ne suis pas un théoricien », « je veux du concret », etc. ). Cette horreur de la raison, du concept, de la philosophie et de la pensée est aussi vieille que le règne arrogant de la Bêtise et que la Force : c'est l'attitude misologique du sophiste Calliclès attaquant Socrate au nom de l'aristocratie, celle de la monarchie absolue faisant brûler le Contrat social en place de Grève, celle de Napoléon 1 er fustigeant les « idéologues » qui osaient lui résister, celle de Vichy dénigrant les « penseurs de la décadence ». et du Front populaire, etc. Déjà dans ses « Misérables », Victor Hugo avait ridiculisé la réaction du 19 ème siècle qui maudissait les philosophes des Lumières, instigateurs de la Révolution : « je suis tombé par terre, chante ironiquement Gavroche, c'est la faute à Voltaire / Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau ! ». De son côté, Politzer dénonçait en 39 l' obscurantisme de la réaction fasciste, celui des franquistes étranglant la République espagnole au cri de « A bas l'intelligence, vive la mort », celle de Goebbels adoptant le slogan « quand j'entends parler de culture, je sors mon revolver », celui du nazi Rosenberg venant dénoncer au Palais Bourbon en 40, devant un autre parlement serf, les « 89 et le Discours de la Méthode !
Car toujours la réaction a redouté plus que tout l'alliance des intellectuels progressistes et des classes populaires , ce « ticket » révolutionnaire gagnant qui associe le prolétariat à la pensée scientifique. Contrairement à la bourgeoisie progressiste des Lumières, la grande bourgeoisie conservatrice s'est référée au fade pragmatisme , qui érige en critère moral unique le « succès », frauduleusement assimilée à la richesse et au pouvoir. Mme Lagarde se plie à l'exercice en amalgamant en douce, sans aucun souci de démonstration (et pour cause : en quoi Mme Bettencourt, l'actionnaire majoritaire de l'Oréal qui perçoit chaque jour des dizaines de millions d'euros sans avoir aucune activité industrielle « travaille-t-elle pour « mériter » son succès ? Elle n'a eu, pour être richissime, qu' « à se donner la peine de naître » comme eût dit Figaro, avant que ce nom ne désigne le Privilège de naissance fait journal) , l'argent et le capital : « on ne peut pas d'un côté encourager le travail, prétend notre grande « travailleuse », et de l'autre surtaxer l'argent gagné », s'exclame-t-elle en toute mauvaise foi, comme si la rente d'un milliardaire capitaliste était accrue par SON travail !
Cette attaque contre la pensée ne doit pas être sous-estimée : elle signifie que l'Union Maastrichtienne Patronale en veut à mort à la « gauche » qui s'est historiquement construite en France, successivement autour des Lumières, d'Hugo, de Jaurès, puis du PCF (naguère le parti d'Aragon, d'Eluard, Langevin, Wallon, Joliot, Picasso.) comme un bloc historique cimentant le mouvement ouvrier à l'intelligence scientifique, notamment sur la grande question de la laïcité. « Construire une école, c'est fermer une prison » déclarait Hugo. Rien d'étonnant à ce que Sarkoléon le Petit, dont l'idéologue en chef J. Marseille admire Badinguet et méprise Hugo, ait adopté le slogan opposé : « supprimons des postes d'instits et de profs, recrutons des CRS et des matons » !
En cela, M. Sarkozy de Nagy-Bocsa, Mme Lagarde (qui n'ont pas dû souvent manier la faucille ou le marteau) sont évidemment d'une mauvaise foi extravagante. C'est en effet Sarkozy dont le Monde nous apprenait il y a peu qu'il faisait référence au philosophe marxiste ( !) Antonio Gramsci pour penser la nouvelle hégémonie culturelle en voie de constitution autour de l'UMP.
Au demeurant, Descartes le faisait remarquer narquoisement : « s'il faut philosopher, alors il faut philoopher ; mais s'il ne faut pas philosopher, il faut encore philosopher ». Car la pensée qu'il ne faut pas penser, pour être contradictoire et proprement folle , est encore une pensée et se moquer de la philosophie, c'est encore philosopher ; mais c'est philosopher mal, absurdement, c'est laisser le système économique « penser » à notre place car au lieu des pensées réfléchies que nous devrions avoir, c'est laisser régner des pensées frustres, non construites, qui sont spontanément celles de la domination sociale et économique. Que les grands bourgeois tirent avantage de cette misologie, c'est l'affaire de ces milieux que Visconti appelait non sans raison les « Damnés ». Mais que les gens du peuple adhèrent à ce discours misologique en entrant dans la démagogie anti-intellectuelle de Sarko, c'est proprement suicidaire pour leur classe. Au contraire des classes dominantes qui n'ont pas nécessairement besoin de penser leur situation de classe pour orienter leurs luttes (l'instinct de classe suffit, de « l'honneur » du noble moyenâgeux à l'avidité bornée du boursicoteur), la classe dominée a besoin d'y voir clair, elle a besoin de la raison, de la théorie, du concept, de la science, de la philosophie, pour s'orienter et défendre ses intérêts. Ce droit à la théorie, à la pensée, à l'école, il lui faut sans cesse l'affirmer et le reconquérir puisque tout est fait pour obscurcir sa vue et que la société bourgeoise met mille entraves à l'accès du peuple à la haute culture artistiques, scientifique et philosophique !
On mesure au passage l'écrasante responsabilité des intellectuels anciennement marxistes du PCF qui ont renié l'idée d'un parti ouvrier d'avant-garde, organisant son intervention pratique à partir d'une analyse théorique, philosophique et scientifique ; le PCF « mutant » et « moderniste » a cessé de former ses militants ouvriers et étudiants aux connaissances qui forment le socle du marxisme ; rejetant le « marxisme-léninisme » dont l'idéologie dominante lui a toujours fait grief, il a préféré exalter le « parti pris des gens » et le spontanéisme ! Cette attitude anti-théorique a détruit les digues mentales qui eussent permis de contenir la vague de populisme fascisant qui déferle sur notre pays avec le renfort du PS, lequel fuit comme d'ordinaire sous les vents mauvais de l'idéologie dominante ; sous la poussée de la « concrète » et « pragmatique » Royal, le PS semble préférer abandonner les « dogmes » socialistes vermoulus que sont l'augmentation du SMIG et la diminution du temps de travail !
Tout cela trouve un aboutissement logique dans l'attaque violente qui se prépare contre l'enseignement de la philosophie en lycée, un enseignement que nos « élites » condamnent comme franco-français (vive l'Europe où l'on enseigne partout les religions dans les lycées publics !) , et qu'on voudrait réduire massivement en défigurant la classe de Terminale littéraire (recentrée sur la communication, l'argumentation et la « demande des entreprises ») et sur l'organisation de débats non problématisés ou d'une interdisciplinarité sans contenu rigoureux. Sarkozy ne pourra pas longtemps tolérer en effet un enseignement dans lequel on conceptualise, on s'efforce de démontrer, en refusant les grossières évidences du pragmatisme vulgaire. Raison de plus pour que les philosophes de profession renouent l'alliance rompue par la social-démocratie repue entre la gauche et la classe ouvrière, en commençant par ne plus censurer le marxisme dans leur enseignement !
Au final le discours de Mme Lagarde est profondément révélateur :
-de l'idéologie fascisante du pouvoir UMP : antimarxisme et anticommunisme obsédants (alors que comme chacun sait, « Marx est mort » et que le communisme est recuit), exaltation cynique de la richesse et du pouvoir, discours violemment anti-intellectuel, mépris de fer pour les exclus, haine de la France et de sa tradition universaliste et républicaine : bref, retour en force de Versailles et de Vichy sous le masque de la « modernité » !
-mais aussi de ce que devrait faire une gauche digne de ce nom, un parti vraiment communiste, des socialistes prenant au sérieux leurs références trop souvent décoratives à Jaurès, des gaullistes respectueux de l'héritage de la Résistance. Tout d'abord, cesser de fustiger Marx et Lénine, de ricaner à l'évocation du progrès, des Lumières, de la raison. Cesser de mépriser la « théorie », l'avant-garde, la lutte des idées. Cesser de préférer le clownesque R. Hue à Gramsci, J. Lang à Lafargue, Royal à Louise Michel ou à Clara Zetkin.
-mais aussi, de ce que doit faire la classe ouvrière, la classe la plus avancée politiquement, pour peu qu'elle refusent l'INSULTE pour leur classe que constitue l'adhésion de trop d'ouvriers au discours anti-intellectuel et anti-fonctionnaire de Sarkozy. Camarades ouvriers, vous méritez le meilleur : la sécurité de l'emploi, comme l'ont déjà vos collègues de la fonction publique, et l'accès aux études et à la haute culture pour vos enfants et pour vous-mêmes. Résistez au joueur de flûte de l'UMP qui entraînent votre pays vers la honte et le reniement sous les plis usurpés du drapeau tricolore de 1789 et de 1945 !
Georges Gastaud
est l'auteur de « Mondialisation capitaliste et projet communiste »
et de « Lettre ouverte aux 'bons Français' qui assassinent la France »
(Temps des cerises).
Le pamphlet de Lafargue date de 1880 ; le 1 er mai 1881 l'armée envoyée par le gouvernement de la « République » sur requête des patrons du nord tirait sur les manifestants pacifiques de Fourmies qui réclamaient la journée de 8 heures ; l'armée « républicaine » laissait 6 morts sur le carreau, dont un bébé. Lafargue, alors député du Parti Ouvrier (marxiste) de Guesde, était aussitôt. arrêté par les glorieux ancêtres anti-marxistes de Mme Lagarde. En lisant les méchantes tirades de Mme Lagarde on a l'impression de relire les saletés des Versaillais contre les Communards ou les propos haineux des réactionnaires de 1936 contre les « salopards » en casquette qui salissaient les plages de Balbec réservées aux « jeunes filles en fleur » de l'aristocratie.
Par ex., faisant fi des avancées des sciences sociales au 20 ème siècle (pas seulement Marx, mais Durkheim, Mauss, Lévi-Strauss, Freud, Wallon, Bourdieu, Saussure, au-delà des divergences qui opposent ces penseurs), vous expliquez sottement que « entre l'égalité de tous sur la ligne de départ et les performances de chacun à l'arrivée, le travail fait de l'individu le seul responsable de son propre parcours ». Jamais entendu parler de la reproduction sociale et des inégalités socio-culturelles, Mme Lagarde qui explique tranquillement par ailleurs, confondant froidement travail et capital, que « la constitution d'un patrimoine constitue en quelque sorte le développement durable d'une famille ». Pour vous punir, on aimerait Mme Lagarde que vous soyez condamnée à élever vos enfants avec un revenu de érèmiste au quartier du Taureau à Vaulx-en-Velin. Mais n'est-ce pas, les pauvres méritent leur sort, leur famille a moins travaillé (allez le dire aux mineurs de Lens morts de silicose) et elle est sans doute de moins bonne qualité biologique : affaire de génétique, comme le pense froidement le philosophe Sarkozy qui s'invente contre toutes les données scientifiques un gène de la délinquance. ouvriers, si vous êtes pauvres, c'est soit que vous ne travaillez pas assez, soit que vous êtes génétiquement idiots. Et dire que certains d'entre vous, mes frères de classe, votez pour ces gens-là qui vous méprisent !Décidément la bourgeoisie s'assoit sur tous les acquis de la philosophie des Lumières, elle revient à toutes les notions MOISIES qui furent celles de l'aristocratie contre-révolutionnaire de la fin du 18 ème siècle !
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"Travailler plus pour gagner plus !"
Sarkozy émule du tortionnaire Pucheu ?
Guy Môquet , né le 29 avril 1924 et mort le 22 octobre 1941, est un militant syndical et communiste célèbre pour être le plus jeune des vingt-sept otages du Camp de Châteaubriant , fusillé en représailles après la mort de Karl Hotz (lieutenant-colonel des forces d'occupation).
Faire lire dans les lycées et collèges, la lettre que Guy Môquet avait envoyée à sa mère avant d'être fusillé le 22 octobre 1941 avec 26 de ses camarades serait une bonne chose, à condition que tout soit dit et replacé dans le contexte de l'époque.
Ce que ne disent ni les médias ni SARKOZY .
et ce qu'il est indispensable de savoir.
Qui a établi la liste des fusillés ?
C'est Pierre Pucheu Ministre de l'intérieur du gouvernement de Pétain.
Qui était Pierre Pucheu ?
Le grand patron des forges françaises qui, dans les années 1930, finançait les ligues fascistes, les croix de feu, ainsi que la cagoule, et qui en 1936 au moment de la signature des accords Matignon disait :
" Si les salariés veulent gagner plus,
ils n'ont qu'à travailler 50 heures par semaine."
Si l'on veut parler de l'histoire, il faut tout dire,
c'est pourquoi, je citerai ci-dessous un extrait d'un article publié dans le
journal de l'amicale des fusillés de Châteaubriant.
" La chose la plus terrible est que la liste des fusillés fut établie par les français et que c'est un officier
qui fit l'appel. On croit rêver.
Non, justement, celui qui, à travers tout un jeu subtil d'ajouts et de retraits successifs, choisit des cibles humaines pour les balles allemandes, celui-là ne rêve pas ; il s'appelle Pierre Pucheu. Il est ministre de l'intérieur du maréchal Pétain.
Il continue de se conduire en grand commis de la haute finance et, très logiquement, c'est une majorité de communistes et plus spécialement de dirigeants syndicaux connus pour leur popularité dont il saisit l'occasion de se débarrasser.
Nous ne devons pas oublier que Pucheu
et ses amis de la haute finance, disaient et écrivaient :
"Mieux vaut Hitler que le Front populaire"
Car Pucheu, comme le soulignera Fernand Grenier
"sait combien d'années de luttes quotidiennes
sont nécessaires pour former des dirigeants de fédérations
syndicales ouvrières,
comme Michels*, Timbaul*, Poulmarch*, Granet*, Vercrusse*.
Le misérable calcul, inscrire ceux-là en première place des hommes à fusiller, c'est amputer la classe ouvrière.
Les fusillés des SS vont rendre service à la grande
bourgeoisie française en rayant du monde des vivants
les meilleurs de ceux qui la combattent."
*Les noms cités étaient tous des secrétaires généraux de fédérations de la CGT.
Le Syndicat CGT Heidelberg France remercie
Charles RAMAIN Président de l'IHS CGT du Rhône (Institut d'Histoire Sociale)
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samedi 8 mars 2008
Vive la lutte internationale des femmes pour l'égalité des droits, le pouvoir d'achat populaire, les services publics, les acquis sociaux, l'emploi, la paix, les libertés, la démocratie et le socialisme !
En ce jour de lutte internationale des femmes progressistes pour l'égalité entre les sexes, pour la démocratie, la paix et le progrès social, le PRCF rend hommage à Clara Zetkin, la directrice du journal socialiste allemand « l'Egalité », qui initia la journée de lutte du 8 mars en 1910. Clara Zetkin résista, avec Rosa Luxemburg et Karl Liekknecht, à la guerre impérialiste de 14/18 ; elle rallia l'Internationale Communiste et la représenta en 1920 au congrès de Tours qui fonda le PCF.
Le PRCF rend aussi hommage à Jeanne Labourbe, enseignante communiste en Russie, propagatrice des idées de la Révolution d'Octobre dans la flotte française de la Mer noire, assassinée par les Gardes blancs.
Il salue la mémoire de Danielle Casanova, dirigeante de la Jeunesse Communiste, résistante morte à Auschwitz, et toute les femmes qui jouèrent un grand rôle dans la libération de notre pays ;
En cette période contre-révolutionnaire, où la disparition du camp socialiste et de l'URSS permet au capitalisme, à l'impérialisme et à leurs supplétifs féodaux, cléricaux et communautaristes d'imposer aux femmes toutes sortes de régressions (attaques contre la laïcité et contre la mixité de l'Ecole et de l'Etat, offensive intégriste et cléricale contre l'émancipation des filles, remise en cause des acquis sociaux et des services publics pénalisant avant tout les femmes, retour du travail de nuit des femmes, bas salaires et précarité frappant majoritairement le sexe féminin, etc.), il importe que les femmes éprises de progrès s'unissent au combat de la classe ouvrière masculine et féminine pour les conquêtes sociales, l'emploi, la démocratie et la paix.
En France, il faut en finir avec les discriminations dont les femmes sont victimes dans les entreprises (salaires, responsabilités, harcèlement moral au travail, etc.) ;
il faut aussi impulser le tous ensemble des jeunes, des femmes et de tous les salariés pour combattre Sarkozy-Fillon, le MEDEF, l'U.E. et leurs complices de la fausse gauche, au premier rang desquels Strauss-Kahn, patron du FMI, l'institution capitaliste mondiale qui affame le tiers-monde par ses politiques d'austérité.
Il faut défendre l'héritage progressiste de 68 contre les attaques de la réaction sarkozyste et le-péniste.
Il faut se solidariser avec les femmes salariées qui luttent pour le pouvoir d'achat, pour l'emploi et contre la délocalisation des usines, pour la sauvegarde de la Fonction publique et de l'Education nationale saccagée par Fillon, pour les retraites, dont la destruction va condamner des milliers de femmes salariées, ouvrières, employées, infirmières, enseignantes, etc. à des pensions de misère.
Il faut soutenir les femmes sans papiers qui vivent dans l'angoisse d'être expulsées avec leurs enfants.
Il faut lutter pour sortir la France de cette Europe du capital qui broie le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et jette les bases juridiques d'une remise en cause de l'IVG (c'est ce que signifiait le « droit à la vie » du TCE) et renforce la puissance politique des religions.
Il faut combattre l'idéologie réactionnaire et antiféministe du Vatican qui s'immisce de plus en plus dans les affaires des pays européens pour détruire le droit des femmes à la sexualité de leur choix. Il faut défendre la loi laïque de 1905 menacée de mort par Sarkozy.
Il faut dénoncer le racisme, qui pousse au repli communautaire, et son frère ennemi, le communautarisme qui met en réalité à la merci du pouvoir patriarcal et des institutions cléricales.
Il faut combattre l'intégrisme religieux qui, dans nombre de pays dominés par l'impérialisme, se pose en alternative à la domination impérialiste alors qu'il est un moyen pour l'impérialisme de dévoyer la protestation populaire et de marginaliser la gauche ouvrière, laïque et révolutionnaire. L'émancipation des femmes en Iran, en Afghanistan, etc. ne viendra ni des intégristes machistes, ni de l'impérialisme occidental qui s'est constamment servi de l'intégrisme pour combattre les communistes et les progressistes anti-impérialistes.
Il faut se solidariser avec les femmes d'avant-garde qui, en Amérique latine, de Cuba au Venezuela, jouent un rôle moteur dans la lutte pour le socialisme du 21ème siècle. Il faut combattre le gouvernement fasciste et assassin d'Uribe, le fantoche colombien des USA, qui sabote toute avancée vers la libération d'I. Betancourt, dans le but de diaboliser les FARC et de provoquer une guerre entre la Colombie et le Venezuela progressiste.
Il faut soutenir les Palestiniennes qui affrontent à mains nues les tueurs d'enfants du gouvernement d'Israël, dont un ministre vient d'appeler à une « shoah » contre les Palestiniens, sans crainte d'avouer son admiration pour Hitler et de bafouer la mémoire des Juifs martyrisés par Hitler.
Enfin, il faut que les femmes progressistes s'engagent pour rendre à la France un vrai PC, seul moyen de reconstruire une alternative émancipatrice au capitalisme, de plus en plus fascisant et régressif. Dans cet esprit le PRCF et les JRCF appellent les femmes progressistes à rejoindre leur combat aux côtés des résistantes communistes Jeanne Colette, Henriette Dubois, Simone Nicolo, Hermine Landini, toutes membres du PRCF.
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mardi 18 mars 2008
A PROPOS DE LA SITUATION A LHASSA
A l'approche des J.O. de Pékin, la campagne anti-chinoise prend de l'ampleur comme on pouvait s'y attendre. Les Etats-Unis, qui ont de loin le plus fort taux de citoyens incarcérés (surtout des Noirs, comme par hasard) par rapport à la population totale, et qui pratiquent ouvertement la torture à Guantanamo, donnent des leçons de "droits de l'homme" à la République populaire chinoise.
Celle-ci a surtout le tort, à leurs yeux, de défendre ses intérêts nationaux sans subordonner son développement au "nouvel ordre mondial" voulu par Washington. Bush est aidé dans cette tâche par l'Union européenne, dont la principale occupation est de broyer les acquis sociaux de ses Etats membres et de piétiner les référendums français et néerlandais qui avaient recalé la constitution européenne.
Aujourd'hui, l'impudence des pays capitalistes dominants est à son comble: ceux qui occupent et martyrisent l'Irak, ceux qui soutiennent les massacres de Palestiniens par l'armée israélienne, ceux qui ont détruit, occupé et dépecé la Yougoslavie, se permettent de conseiller la "modération" à la Chine à propos de la situation au Tibet! Balayez devant votre sanglante porte messieurs les impérialistes!
Concernant le Tibet, le PRCF invite d'abord les progressistes à être plus que vigilants à l'égard des "informations" délivrées par les médias capitalistes: on se souvient en effet de la manière dont les médias du capital ont aidé à déclencher la guerre contre l'Irak ou à déstabiliser la Roumanie en diffusant d'énormes mensonges sans oublier l'incendie du
Reichstag que Goering avait tenté d'attribuer aux communistes!
On se souvient aussi de la manière dont est systématiquement utilisée une image montrant un jeune chinois face à un tank sur la place Tienanmen:; il s'agit pour nos médias d'"héroïser" la "résistance" des "étudiants chinois" face à l'armée populaire chinoise (sic) alors qu'en réalité, dès l'image suivante, jamais montrée aux téléspectateurs, l' "étudiant" entre tranquillement dans le tank car il fait manifestement partie de son équipage.
D'autre part le PRCF rappelle qu'il n'y a jamais eu, d'une part, une méchante Chine populaire envahissant le Tibet et d'un autre côté, un gentil Etat tibétain tourné vers la "spiritualité". En réalité, avant l'union de la chine et du Tibet, ce territoire était livré à une barbare exploitation féodale, aux superstitions magiques les plus grossières, au cléricalisme monacal le plus moyenâgeux et à la misère de masse.
Les communistes sont des partisans de principe du "droit des nations à disposer d'elles-mêmes" (Lénine), mais ce droit ne saurait être associé au "droit"' pour les impérialistes de déstabiliser les pays qui échappent à son emprise et d'aider à y rétablir, sous couvert d'indépendance nationale, les anciennes classes féodales dépossédées par la Révolution chinoise. Ce sont ces classes privilégiées, les pires ennemies qui soient des ouvriers et des paysans du Tibet, qui poussent l'actuel Dalaï Lama à prendre la tête d'une révolte dont on ne voit que trop, par son encadrement clérical et par les soutiens douteux qu'elle obtient en Occident, qu'elle ne profitera ni à la République populaire de Chine, ni aux peuples du Tibet.
Plus que jamais la lutte pour l'indépendance nationale des peuples ne saurait être détachée de la lutte pour le socialisme, contre l'impérialisme et contre le capitalisme.
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Hommage aux victimes de la boucherie impérialiste de 14/18 : à quand l'autocritique du capitalisme ?
Les funérailles nationales accordées au dernier « poilu » de 14/18 (cet ouvrier émigré italien engagé dans la Légion pour défendre la France avait-il des papiers en règle ?) vont être instrumentalisées par le pouvoir sarkozyste pour superposer plusieurs opérations idéologiques auxquelles la social-eurocratie ne manquera pas de prêter son concours.
Il s'agira d'abord :
-de permettre à Sarkozy d'afficher sa conception perverse de « l'identité nationale », faite de racisme larvé et d'exaltation de l'Europe capitaliste, dont l'intégration avance au rythme de la désintégration de la France républicaine ;
-de célébrer sur le mode plus jamais ça, les « Etats-Unis d'Europe », voire la « Françallemagne », comme les remèdes-miracles aux guerres soi-disant déclenchées par les « nationalismes ».
Bien entendu, l'hommage aux victimes s'arrêtera net, une fois de plus devant le grand tabou : la réhabilitation des Fusillés pour l'exemple dont Pétain et le gouvernement d'Union sacrée (à participation socialiste !) décimèrent au hasard les régiments en 17 pour stopper les mutineries qui suivirent à l'Ouest la Révolution russe. Une fois de plus, les dirigeants du monde capitaliste, auteurs des trois plus grands crimes exterminateurs commis contre l'humanité au 20ème siècle, les deux guerres mondiales et les guerres coloniales, n'engageront aucune autocritique sur les vraies causes de la tuerie de 14 (le repartage impérialiste du monde !) ; et ces mêmes dirigeants capitalistes continueront de criminaliser les Révolutions prolétariennes de Russie et d'Allemagne (18/19) qui portèrent un coup fatal au premier conflit impérialiste en donnant corps au mot d'ordre de Lénine : « transformer la guerre impérialiste en guerre révolutionnaire contre le capitalisme ».
C'est pourquoi le PRCF
a) Rend hommage à l'ensemble des victimes civiles et militaires de 14/18 ; la meilleure façon d'honorer cette jeunesse inutilement sacrifiée est de combattre le capitalisme et l'impérialisme fauteurs de guerre en éclairant la signification de classe réactionnaire de la 1ère Guerre mondiale ; ce n'est pas « la nation » en général qui est en général facteur de guerre, c'est l'impérialisme qui, selon ses intérêts du moment, cultive soit le national-chauvinisme, comme en 14, soit le social-européisme soi-disant internationalisme, comme actuellement. Ne soyons dupes ni du social-patriotisme impérialisme de 14 ni du social-impérialisme européiste d'aujourd'hui.
b) Appelle à prendre conscience que l'intégration européenne actuelle est la continuation par d'autres moyens et à une échelle plus large de la lutte criminelle pour la domination mondiale que se livrent les impérialismes, tantôt rivaux, tantôt associés. Non seulement les Etats-Unis capitalistes d'Europe, dont l'adoption de la constitution européenne bis est une étape, ne seraient pas un facteur de paix, mais le dépeçage sans fin de la Yougoslavie (pseudo-« indépendance » du Kosovo) et l'alignement de l'UE sur les menées des USA et d'Israël au Moyen-Orient sont là pour rappeler que l'U.E. du capital et de l'OTAN, c'est la guerre. Comme l'avait compris Lénine dès 1915, « les Etats-Unis d'Europe en régime capitaliste ne peuvent être qu'utopiques ou réactionnaires ». Plus que jamais, la seule bonne Europe c'est l'Europe des luttes !
c) Invite à méditer l'expérience des révolutionnaires prolétariens de 14, avant tout celle des Allemands Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, incarcérés pour leur opposition à la guerre, et dont le mot d'ordre était « l'ennemi principal est dans ton propre pays ».
Pour conjurer les guerres impérialistes présentes et à venir, il faut abattre le capitalisme, sortir la France du carcan réactionnaire de Maastricht, agir pour de nouveaux traités internationaux progressistes, militer pour le socialisme en se souvenant du mot d'ordre du Manifeste communiste : prolétaires de tous les pays, unissez-vous !.
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La dérive à droite de la social eurocratie s'accentue
à la grande satisfaction de l'ultra droite sarkoziste
A peine S. Royal venait-elle d'annoncer sa candidature à la direction du PS (elle n'avait pas trouvé un moment pour soutenir les enseignants ou les dockers en lutte), que son "rival" Delanoë sort un livre dans lequel il s'affiche clairement pour le "libéralisme". L'idéologue Bergougnoux, déclarant en avril dernier que le PS est favorable à "l'économie de marché" est déjà dépassé ; il est vrai que ce parti , à de nombreuses reprises, a officiellement renié le marxisme, bien que Mitterrand, dans le seul but de battre le PCF, eut affirmé en 1972 que le PS voulait la "rupture avec le capitalisme". La réalité c'est qu'avec de tels candidats à sa direction (et à la présidence de la République), le PS fait une nouvelle fois le choix de la défaite pour la gauche.
Choix de la défaite pour demain, car l'élection présidentielle du 6 mai a montré qu'on ne bat pas l'ultra-droite avec un programme de droite.
Choix de la défaite pour aujourd'hui car affirmer que le PS est social-libéral, c'est rallier Tony Blair, l'homme qui a détruit le Parti travailliste, ou Romano Prodi, l'homme qui a remis en selle les fascistes en Italie par sa politique anti-sociale et euro libérale.
Choix de la défaite pour ce mois de juin, où des salariés (dockers, enseignants, agents des finances, hospitaliers...), et des travailleurs indépendants (pêcheurs, taxis...) sont engagés dans une lutte frontale contre ce gouvernement dont la référence affichée est le libéralisme.
Rien d'étonnant à ces nouvelles dérives puisque Hollande a facilité l'adoption parlementaire de la constitution euro-libérale bis au parlement en violation du vote des Français et des engagements présidentiels de Royal. Rien d'étonnant puisque la direction du PS négocie en ce moment même contre des miettes misérables le renforcement des pouvoirs institutionnels du fascisant président de la République, qui pourra venir parler "à l'américaine" devant les députés.
Rien d'étonnant puisque Strauss-Kahn (PS) et Pascal Lamy (PS) dirigent les deux principales institutions de l'euro-mondialisation libérale, le FMI et l'OMC.
D'autant plus grande est la responsabilité des dirigeants liquidateurs du PCF qui n'ont cessé de larguer les principes fondateurs du communisme sous prétexte d' "élargir le rassemblement à gauche".
En réalité, quand le PCF se social-démocratise et parle de couper avec la référence communiste, comment être surpris si le PS se "libéralise" et si la droite classique se fascise? "Si le sel perd sa saveur, dit l'Evangile, qui la lui rendra"? Un PCF édulcoré, "dé-salinisé", ne peut qu'aider la dérive à droite de la social-démocratie et favoriser la dérive fascisante de la France et de l'Europe.
Mais rien ne sert de pleurnicher . La balle est dans le camp des vrais communistes: qu'attendons-nous pour réagir positivement aux propositions d'unité d'action immédiates du PRCF et de la CAC présidée par G. Hage ?
La balle est aussi dans le camp des vrais syndicalistes. Qu'attendons-nous pour nous fédérer partout, résister au syndicalisme d'accompagnement qui nous mène à une défaite historique? La balle est dans le camp des vrais républicains. Qu'attendons-nous, communistes fidèles à Guy Moquet, socialistes fidèles à Jaurès, radicaux fidèles au combat laïque de F. Buisson, républicains fidèles à Jean Moulin, gaullistes fidèles au 18 juin et au programme du CNR, pour nous rencontrer et dessiner enfin une véritable alternative progressiste ; sans crainte de proclamer l'illégitimité de Sarkozy et de sa politique, mais aussi de cette UE du grand capital qui impulse la dérive fascisante de la politique dans presque tous les pays européens en ligotant à la droite la social-démocratie maastrichtienne et ses appendices du "Parti de la Gauche Européenne"?
Cessons de tempêter stérilement contre l'ennemi de classe et ses complices du PS, remettons notre grain de sel communiste de classe et franchement républicain, antifasciste et anti-Maastricht dans la vie politique de notre pays en proie à toutes les dérives! La liquidation du PCF aide l'UMPS à tuer notre pays. Quel que soit le résultat du prochain congrès du PCF organisé sous l'égide de sa direction liquidatrice, il faudra bien faire en sorte que, encore membres ou pas du PCF, les vrais communistes trouvent les moyens de se retrouver dès 2009 pour rendre à la France un Parti franchement communiste!
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à propos du 250ème anniversaire de la naissance à Arras de Maximilien Robespierre le 6 mai 1758
Communiqué de presse de G. Hage, député honoraire, G. Gastaud, philosophe, J.-Pierre Hemmen commission histoire du PRCF, V. Flament (rédacteur d'Initiative communiste), L. Landini, a. Officier FTP-MOI, J. Coignard, a. métallurgiste et dirigeant du PCF 22, Annie Lacroix-Riz, historienne, Université Paris VII, B. Foucambert, prof. d'histoire, M.-O. Gavois, prof. d'histoire, J.-F. Maison, secr. adjoint du PRCF 62, N. Pomiès, directeur de Mutuelles, Odile Hage, sec. Section PCF de Douai.
OUI, le 6 MAI FUT AUSSI UNE DATE HEUREUSE DANS L'HISTOIRE DE LA REPUBLIQUE !
Le 6 mai 1758, voici 250 ans, naissait à Arras Maximilien Robespierre. Malgré la campagne de calomnie que la réaction n'a cessé de mener contre sa mémoire, Robespierre fut le principal dirigeant de la Révolution française, le plus grand événement progressiste de l'histoire mondiale depuis la révolte de Spartacus et avant la Révolution russe de 1917 conduite par Lénine, lequel a aujourd'hui l'honneur de partager avec Robespierre la haine revancharde de la contre-révolution et des renégats du communisme.
C'est Robespierre, ce grand lecteur de Rousseau et du Contrat social, qui affirma les conceptions démocratiques au début de la révolution contre l'idée d'un compromis « libéral » à l'anglaise entre la grande bourgeoisie et la monarchie. C'est lui qui, avec Saint-Just et le grand journaliste révolutionnaire Marat, fut le vrai fondateur de notre 1ère République, l'intraitable défenseur des Sans-culottes et du suffrage universel, l'ennemi acharné de l'esclavage colonial, l'inlassable animateur du combat de la France révolutionnaire contre la coalition monarchique et ses alliés, les aristocrates français émigrés à Coblence, et contre l'insurrection royaliste de Vendée. C'est Robespierre qui incarna, parmi les députés de la Montagne, l'orientation sociale de la Révolution avec ses projets sur l'instruction publique et sur le droit des pauvres aux « subsistances ». C'est lui en définitive qui avec Saint-Just, et Carnot son futur ennemi, fut le vrai vainqueur de l'Europe réactionnaire coalisée contre la France républicaine. C'est lui qui comprit que le gouvernement démocratique ne pouvait être solidement fondé sans l'implacable répression populaire des menées royalistes et girondines et sans l'alliance du Comité de salut public et de la démocratie jacobine et sans-culottes. C'est de Robespierre que nous avons hérité ce précieux héritage de la Révolution démocratique bourgeoise que sont les principes de souveraineté nationale et populaire, d'organisation communale, de République une et indivisible, de séparation de l'Etat et des cultes constitués (ce qui n'empêcha pas Robespierre de combattre les persécutions anti-religieuses des « déchristianisateurs »). Robespierre est mort en martyr de la révolution, abattu par un regroupement hétéroclite de politiciens corrompus et de dupes politiques, les Thermidoriens ; ceux-ci brisèrent l'élan populaire de la Révolution pour mettre en place une république bourgeoise anti-populaire qui allait se discréditer dans l'affairisme pour laisser rapidement place au despotisme militariste de Bonaparte.
Alors qu'elle doit le pouvoir aux grands Jacobins, la bourgeoisie et ses suiveurs sociaux-démocrates (il n'y a même pas une rue Robespierre, même pas une rue Marat à Paris sous la Municipalité de B. Delanoë associé au PCF !) n'ont jamais pardonné à Robespierre d'avoir pris appui sur les artisans, paysans et ouvriers sans crainte de faire du peuple travailleur un acteur autonome de l'histoire. Les historiens anti-robespierristes de la bourgeoisie savent en effet que c'est en prenant appui sur la mobilisation populaire autonome de la grande Révolution, en particulier sur celle de l'An II (93) que le mouvement ouvrier du 19ème siècle a pris son essor. Ils savent que Gracchus Babeuf, le premier fondateur du mouvement communiste en France, reconnut sa dette politique envers l'Incorruptible après s'être un moment mépris à son sujet au moment de Thermidor. C'est cela, et non les violences de la Terreur, -incontournable dans les conditions d'une lutte acharnée entre révolution et contre-révolution, que la bourgeoisie a toujours reproché à Robespierre. Sinon comment expliquer que le nom de Robespierre, dont le corps guillotiné fut jeté dans la chaux vive par les Thermidoriens, n'ait jamais été cité pour l'entrée au Panthéon alors que l'ultra-sanglant Napoléon Bonaparte et tant d'autres assassins de peuples, reposent dans le sanctuaire de l'actuelle « République » bourgeoise, devenue de plus en plus réactionnaire, anti-patriote, antisociale, anti-laïque, anti-jacobine et « européenne » ?
Quoi d'étonnant dans ces conditions si la France officielle de Sarkozy et de l'UMPS ne fait rien au contraire, pas plus que la direction « euroconstructive » du PCF, pour commémorer la naissance du fondateur de la France républicaine ? Sarkozy préfère célébrer La Fayette, le massacreur des ouvriers révolutionnaires en place de Grève, l'homme qui a déserté pendant les guerres révolutionnaires, celui qui en 1830, à l'issue des Trois Glorieuses, a brillamment manouvré pour frustrer les ouvriers républicains de leur victoire sur le régime légitimiste de Charles X et faire proclamer le « roi bourgeois » Louis-Philippe. Le même Sarkozy de Nagy-Bocsa, avec son sbire idéologique Jacques Marseille, prépare en catimini la réhabilitation de Napoléon III, l'assassin de la Seconde République. Quant aux médias et aux institutions officiels comme le Grand Palais, ils ne cessent de s'épancher sur Marie-Antoinette, « l'Autrichienne » exécrée du peuple parisien, qui transmettait les positions de l'armée française aux généraux de l'armée ennemie ! A chaque classe sociale ses « femmes historiques » et ses « grands hommes » ; comme le chante J. Ferrat dans « Ma France », la France des travailleurs « répond toujours du nom de Robespierre », comme elle défend la mémoire diabolisée des Thorez, Frachon et autres Duclos.
Mais en ce triste anniversaire du 6 mai 2007, où l'arrogant proconsul du MEDEF, de Bush et de Bruxelles s'enroule dans le drapeau tricolore pour « rompre » avec l'héritage démocratique de 68 (fortes augmentations de salaires, droit syndical.), de 45 (retraites, sécu, nationalisations, statuts, droit du travail, école démocratique, CNRS, tout cela mis en place par les ministres et administrateurs communistes Thorez, Croizat, Billoux, Tillon, M. Paul, Grenier, Wallon, Joliot.), de 36 (40 heures, hausses de salaires, congés payés) et même de 89-93 (souveraineté nationale détruite par l'euro-constitution bis, régionalisation de la République, violations répétées par Sarkozy de la loi laïque de 1905, démontage de l'Education nationale, alignement militaire de la France sur l'Empire US.), il est une raison de plus de célébrer l'ouvre de Robespierre. N'est-ce pas lui qui nous a appris, après Rousseau et avant la Commune de Paris, que les élus doivent en permanence des comptes au peuple, et non le peuple aux élus qui le trahissent ? N'est-ce pas lui qui fit inscrire dans la Constitution de 1793 qui fondait la 1ère République, cette phrase qui cingle toujours au visage les apprentis-tyrans et qui guide toujours les vrais républicains : « quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple et pour toute portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».
Vive la République sociale, souveraine et indivisible ! Honneur à Robespierre, à Marat et au peuple « sans-culottes » ! A l'action tous ensemble contre Sarkozy et ses complices de la social-eurocratie qui détruisent l'héritage républicain de la France pour construire la nouvelle Sainte-Alliance de Maastricht et de l'impérialisme américain !
P.S. de G. Gastaud .
Le 5 mai 1818 naissait à Trèves Karl Marx.
En 1848 paraissait le Manifeste du Parti communiste, au moment même où la Révolution de 1848 à Paris déclenchait le « printemps des peuples » en Europe.
En 1948 les mineurs du Pas-de-Calais menaient une grève dure contre les attaques portées à leur statut.
En 1968 éclatait la plus grande grève ouvrière de l'histoire.
Alors, célébrons l'anniversaire de ces évènements positifs pour l'émancipation sociale de l'humanité en « faisant sa fête » tous ensemble et en même temps à Sarkozy et à son gouvernement réactionnaire.
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Samedi 24 novembre 2007
Retrouver l'esprit du bolchévisme (fichier pdf)
Novembre 1917 / 2007 :
Face au trio fascisant Sarkozy-MEDEF-Union européenne,
Retrouver l'esprit du bolchevisme
« on ne peut avancer d'un pas si l'on craint d'aller au socialisme » (Lénine)
Le Che ? Un assassin ! Lénine ? Un génie du Mal ! Staline ? Le pire criminel de l'histoire ! Thorez et les autres ministres communistes de la Libération ? Les initiateurs de cette désuète « exception française », que Sarkozy de Vichy-Bocsa veut karchériser en détruisant la Sécu (franchises), les retraites (casse des régimes spéciaux et généraux), les nationalisations (privatisation d'EdF-GdF), l'Education nationale (saignée par les suppressions de postes), le statut de la fonction publique, les libertés reconquises en 45 (droit de grève amputé, médias verrouillés, Etat policier, rafles racistes...), l'indépendance nationale reconquise au prix du sang des Guy Môquet, Manouchian et autres Pierre Sémard... (constitution européenne bis, alignement sur Bush, lequel se prépare à attaquer l'Iran...) !
Si les commandos idéologiques du capital canonnent ainsi la Révolution d'Octobre à l'approche de son 90 ème anniversaire, s'ils hésitent de moins en moins à dénoncer, dans la foulée, les crimes de la Révolution française, cela n'a rien à voir avec les « tares » prétendues des révolutions passées : car un sondage réalisé en Russie nous apprend que, expérience faite, 75% des Russes jugent « le socialisme supérieur au capitalisme ». Et combien de Français ne s'étrangleraient-ils pas d'Indignation s'ils savaient que D. Kessler, n°2 du Medef, félicite ouvertement Sarkozy de liquider « l'héritage du Conseil National de la Résistance », dans l'élaboration duquel les communistes ont à ses yeux joué un trop grand rôle...
Certes, le fascisant régime sarkozyste ne serait pas lui-même s'il ne tentait de « couvrir » sa revanche sur 45 du nom de Guy Môquet, le jeune communiste livré aux fusilleurs nazis par le ministre Pucheu, homme lige du Comité des Forges (le Medef de l'époque). Certes, les piteux dirigeants du PCF muté ne seraient pas eux-mêmes s'ils n'avaient à nouveau prêté main forte, le 21 octobre, aux gendarmes de Sarkozy pour empêcher nos camarades de pénétrer drapeaux rouges et tricolores en tête dans la sablière de Chateaubriant lors de l'hommage officiel à nos martyrs. Certes, les pontes de la fausse gauche politico-syndicale ne seraient pas eux-mêmes s'ils n'avaient pas tout fait, durant cet automne de « rupture » thatchérienne, pour cautionner de pseudo-« négociations », disperser les actions et plomber le « tous ensemble et en même temps » qui peut seul stopper l'Union Maastrichtienne Patronale.
Mais même si la lutte est dure, les loups du capital et les toutous de la fausse gauche en seront finalement pour leur frais. Plus les casseurs de France attaqueront Lénine et le vrai communisme, plus les travailleurs combatifs regarderont avec sympathie ces indomptables bolcheviks qui, prolongeant le combat des Communards, mirent fin par la dictature du prolétariat aux horreurs de la Guerre de 14/18 qui fut l'issue de la 1 ère mondialisation capitaliste.
Car qui ne comprend que face à l'UMP alliée à l'extrême droite raciste, il faut reconstruire une vraie gauche antifasciste et anti Maastricht avec à sa tête un vrai PC renouant avec l'esprit conquérant du bolchevisme ?
Face à l'impérialisme US, face à l'Empire européen en construction, face à l'entreprise mondiale de criminalisation des résistances, face à la volonté du Parti de la Gauche Européenne et de son président, Bertinotti, de liquider les PC d'Europe, face aux dirigeants du PCF qui « s'interrogent sur la pertinence du communisme » en pleine offensive... capitaliste, il faut clairement développer les convergences d'action communiste en France, tout en réactivant le Mouvement communiste international et le Front anti-impérialiste mondial ?
Face aux états-majors syndicaux inféodés à la Confédération Européenne des Syndicats, quel travailleur conscient ne comprend-il pas qu'il faut sauver le syndicalisme de classe pour fédérer dans l'action les secteurs agressés par Sarkozy : SNCF, RATP, EDF, GDF, fonctionnaires, salariés du public et du privé au pouvoir d'achat en berne, étudiants menacés par la concurrence entre facs, retraités aux soins déremboursés, chômeurs contraints d'accepter n'importe quoi sous peine de dormir sous les ponts... mais aussi, tout simplement, honnêtes gens que révulsent ces PDG-requins qui pillent les entreprises (EADS !) mais se permettent chaque jour de dénigrer leur pays « archaïque », ses salariés « paresseux », ses immigrés génétiquement impurs, son peuple de gauche jamais assez « moderne », c'est-à-dire jamais assez à plat ventre devant le FMI de Strauss-Kahn et de Sarkozy !
Aussi n'en doutons pas : malgré la contre-révolution qui déferle depuis 1989, l'avenir reste au socialisme, comme le montre la dynamique révolutionnaire au Venezuela. C'est ce qu'ont souligné les Rencontres internationalistes de Serpa (Portugal) : soit le capitalisme détruira l'humanité, soit le prolétariat, dont les effectifs croissent fortement à l'échelle mondiale, éliminera le capitalisme.
Pour cela les communistes de France doivent, dans le respect de leurs modes d'organisation actuels, rompre politiquement avec les fossoyeurs réformistes qui dominent le PC muté : car loin d'appartenir à la « famille communiste », les réformistes, de Gorby à Hue, de Berlinguer à Bertinotti, de Fiterman à Thibault, mènent le mouvement ouvrier de défaite en déroute depuis trente ans !
Alors, renforçons l'outil PRCF. C'est indispensable pour coordonner une intervention d'avant-garde dans les luttes. Pour construire le rassemblement populaire majoritaire qui devra chasser Sarkozy avant qu'il n'ait cassé toutes nos libertés. Indispensable pour sortir la France de cette UE antirépublicaine. Incontournable enfin pour rappeler aux progressistes que sans la conquête du pouvoir politique et la socialisation des moyens de production, construire un monde meilleur ne sera jamais que mensonge et utopie.
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Lundi 22 octobre 2007 : BULLETIN SPECIAL GUY MÔQUET (fichier pdf)
anniversaire de la mort de GUY MÔQUET fusillé par les Allemands à l'âge de 17 ans
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